Ils sont quatre sur l’affiche, ils étaient cinq lors de l’interview, ils seront une dizaine sur scène. Le vendredi 11 août prochain, dans le cadre du e-Lake festival d’Echternach, quatre des plus illustres singer-songwriter luxembourgeois – Daniel Balthasar, Eric Rosenfeld, Jimmy Leen et David Moreira – partageront la scène dans une formation sans précédents. Un projet sinon unique, du moins rare, que nous présentent les principaux intéressés.

Pas évident d’interviewer les membres du nouveau supergroupe luxembourgeois Balthasar – Rosenfeld – Leen – Moreira. Déjà parce que les quatre singer-songwriters ont rarement l’occasion d’être tous réunis, puis parce que les quatre restent espiègles à souhait et les micros, visiblement, ne les empêche pas de bien rigoler ensemble, de se lancer des vannes, de se contredire…

Les quatre garçons dans le vent ont désormais tous la quarantaine, facilement deux décennies de groupes et de musique derrière eux, et des carrières musicales tout à fait enviables. Daniel Balthasar, avec son style rock-folk a huit albums à son nom, Eric Rosenfeld est, depuis 2005, un des acteurs majeurs de la scène punk nationale avec le groupe Versus You, mais aussi Communicaution ainsi qu’une vingtaine d’autres bands, Jimmy Leen a fait les beaux jours de Versus You, Mad Fox ou encore son projet Leen, tandis que David Moreira restera à jamais comme le chanteur d’un des plus grands groupes de rock luxembourgeois : Eternal Tango. Quatre CVs réduits ici au maximum mais qui ont écrit certaines parmi les plus belles pages de l’histoire des musiques actuelles grand-ducales de ces vingt dernières années. Les voilà réunis sur scène à l’occasion de la première soirée du e-Lake festival, le 11 août prochain.

« J’aime collaborer avec les collègues, j’avais donc cette idée de regrouper des singer-songwriter depuis longtemps », explique Daniel Balthasar. « Un jour, j’ai rencontré Frank Rippinger, du e-Lake festival, et je lui ai parlé de cette idée. Il m’a tout de suite dit de mettre ça sur pied. C’est tout ».

Dingue de se dire à quoi tient la naissance d’un supergroupe. Cela dit, les quatre ne sont nécessairement tous d’accord sur l’utilisation de ce terme. « Je suis punk, pas un super-héros » lance Eric Rosenfeld. Daniel Balthasar ne semble pas non plus super-fan de la dénomination, David s’abstient, mais Jimmy, lui, ne semble pas opposé à l’idée : « Supergroupe, on peut aussi l’appeler autrement pour faire plaisir à Eric, mais, en tout cas, je comprends bien ce nom et je comprends pourquoi on l’utilise dans ce cas-ci; ça fait tellement longtemps qu’on joue tous les quatre, la plupart du temps dans des groupes différents et là, on se réunis pour ce projet ». Pile poil, la définition d’un supergroupe ! Et Jimmy ajoute : « Nous avons grandi en écoutant chacun les chansons des autres, du coup, ça nous fait donc énormément plaisir de pouvoir jouer dans cette configuration, tous ensemble ».

« Crosby, Stills, Nash and Young, version luxembourgeoise »

Une configuration qui, une fois l’idée lancée, s’est imposée comme une évidence, explique Daniel Balthasar : « Eric est plus punk, moi, je suis plus le mec qui fait des trucs mélodieux, David a un style un peu plus hard et Jimmy, avec son côté beaux gosse, est un peu plus pop ! » note-t-il avant que ses acolytes éclatent de rire. « Chacun a son style, mais le tout réuni marche aussi très bien ensemble » reprend-il une fois le sérieux revenu. « Même si les styles sont très différents, c’est toujours de la musique basée sur les guitares et une voix. De la musique de songwriter » enchaine David Moreira. « On utilise tous les quatre des accords assez similaires, surenchérit Eric Rosenfeld, et les textes de tous les quatre sont vraiment honnêtes. D’ailleurs il y a une chanson de Daniel qui est exactement comme Be Better Than Me de Versus You. On a presque l’impression de jouer deux fois la même chanson. Et Jimmy a deux chansons qui sont exactement pareilles » conclue-t-il pour faire rigoler les copains, avant que Daniel Balthasar précise : « pour moi, aussi une question de confiance, dans cette configuration, je sais que ça va marcher, même si on n’aura pas l’occasion de faire beaucoup de répétitions ensemble »

En tout cas, les quatre l’assurent, ce ne sont pas les all-stars band internationaux qui ont inspiré cette réunion de singer-songwriters luxembourgeois. Une réunion pour laquelle les musiciens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un nom – « Moi j’avais des bons noms, mais les autres n’aimaient pas ! » lance à ce sujet Eric Rosenfeld – « c’est pour ça qu’on a dit qu’on allait simplement reprendre nos noms de famille. Un peu comme Crosby, Stills, Nash and Young, mais version luxembourgeoise ».

Un projet très éphémère

Daniel, Eric, Jimmy et David sont tout quatre auteurs-compositeurs-interprètes et guitaristes. Leur réunion sur scène devrait donner pas mal d’énergie aux riffs de guitare, mais le quatuor dans cette configuration fermée, risquerait d’être fort limité au niveau de la section rythmique. C’est bien pour ça que les quatre fantastiques du singer-songwriting grand-ducal ont décidé de prendre d’autres musiciens avec eux : Michel Mootz à la batterie, Sebastian Schlapbe Flach à la basse, Lucas Sales au keyboard, qui font tous trois parties intégrantes du band, ainsi que d’autres artistes invités à les rejoindre sur scène. Néanmoins, ce seront bien les six-cordes et le chant qui seront mis à l’honneur pendant leurs performances.

Et si les chansons des quatre singer-songwriters seront le cœur battant du projet, le public doit s’attendre à redécouvrir les différents morceaux. Chacun va interpréter ses propres morceaux, mais sur chaque morceau il y aura aussi les interventions des autres chanteurs.  « Là, on a un son différent de celui qu’on a normalement avec nos groupes respectifs. Quand on écoute un concert de Versus You, ça ne sonne pas pareil que ce que ça sonne maintenant avec nous quatre. Il y a d’autres musiciens, une autre attaque, un autre feeling, une autre approche, d’autres idées, peut-être même un autre rythme… » note Jimmy Leen. « Et avec les musiciens du groupe, ça fonctionne vraiment super bien ! » assure-t-il.

Non seulement, chacun va interagir dans les morceaux des autres, mais en plus le nouveau quatuor compte donner une coloration analogue à l’ensemble des titres. Point de style Balthasar ou Rosenfeld ou Leen ou Moreira, point non plus de style Versus You, Mad Fox ou Eternal Tango ; « l’ensemble va sonner comme un groupe, même si ce sont des chansons de groupes différents et de styles différents, là, elles vont toutes sonner comme si elles étaient de ce groupe-ci. C’est ça qui est cool » assure Eric Rosenfeld. Et les quatre assurent que l’ensemble aura un max d’énergie. Les fans, des uns et des autres, sont prévenus.

Reste qu’il ne faudra pas se rater au niveau des dates, car le quatuor Balthasar – Rosenfeld – Leen – Moreira est annoncé comme éphémère ; très éphémère ! Selon le site du e-Lake festival, le supergroupe est même prévu « for one show only ». Depuis la rédaction de cette présentation sur la toile, les choses ont, un peu, évolué. « Je peux déjà dire que ce ne sera finalement pas un concert unique comme annoncé au départ », assure Daniel Balthasar. « On a déjà un deuxième concert prévu le 21 septembre dans cette même configuration, mais ça n’a pas encore été annoncé officiellement, je ne peux donc pas encore annoncer où ça se passera ». Il poursuit : « Rien ne dit qu’on n’en fera pas d’autres des concerts », puis précise, « Mais il faut que ça reste quelque chose d’exceptionnel, de rare, de spécial », d’autant plus que chacun compte également poursuivre sa carrière de musicale de son côté, avec ses propres groupes. Pour les quatre musiciens, cette aventure se veut vraiment comme « quelque chose de différent », « un rêve », comme quelque chose « qu’on a envie de faire », bref, comme une parenthèse enchantée entre pairs, entre potes. Une parenthèse que les fans devront découvrir sur scène car rien ne dit qu’un enregistrement signé Balthasar – Rosenfeld – Leen – Moreira sera un jour disponible. L’un des concerts prévus sera, certes enregistré, confie Daniel Balthasar, « on verra bien ce qu’on fera avec » conclue-t-il, dans un magnifique cliffhanger.

www.e-lake.lu