Leen - Reflections

28 fév. 2024
Leen - Reflections

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Leen sort son premier album, ce vendredi 1er mars à la Rockhal, Reflections. Une galette avec 9 titres, mais de 28 minutes seulement, où le bon côtoie le très bon. Du rock plein d'énergie, sans chichis, à la croisée de la pop, de l’indie et du punk, avec une production ultra léchée malgré quelques sonorités volontairement saturées. Rencontre avec le leader du band, ex Angel at My Table, de Versus You ou encore du Daniel Balthasar & Band, Jimmy Leen.

Deux ans après un premier EP, Vertigo, voici Reflections, le premier album studio de Leen. Pouvez-vous nous le présenter.

Jimmy Leen : Reflections c’est un voyage. Un voyage à travers les styles de musique et surtout à travers les émotions. J’ai pris beaucoup de temps à écrire et à enregistrer l’album. J'ai passé beaucoup de temps avec ces chansons, car ce sont des choses très personnelles que j’ai mises là-dedans. J’ai essayé d'écrire un album que j’aimerais écouter et des chansons que j’aimerais voir jouées en live. Quand je joue ou quand je vais voir un show en tant que spectateur, je veux avoir cette évolution de styles et d'émotions. Je veux que ça monte, que ça redescende, que ça parte d’un côté, puis vers l’autre. C’est ce que fait cet album. Il commence de manière très rock et se termine de manière très rock, mais entre les deux, il y a des moments plus électro, des moments plus calmes, etc… C'était important, pour moi, de trouver un mix qui donne une vision assez globale du projet Leen.

Parlons-en de ce projet. Ce n’est pas évident de trouver des informations pratiques sur Leen. Certes, il y a un site web, mais à part une photo de vous et l’info sur la release party, il n’y a pas grand-chose. Comment ça fonctionne ? Qui d’autre est dans le projet ?

C’est drôle que vous disiez ça, car souvent j’ai l’impression de donner trop d’infos, surtout au début des projets ; et j’en ai eu quelques-uns. Sur ce coup-là, à l'inverse, j’ai voulu donner le moins d’informations possibles. Mais peut-être qu’il va falloir trouver un juste milieu. Le groupe est né en 2018, ou 2019, les dates ce n’est pas mon fort ; à l'époque, je jouais dans d’autres groupes quand j’ai commencé à écrire des chansons très personnelles. C’est pour ça que c’est devenu un projet à part et que j’ai voulu le nommer d’après mon nom de famille ; d’autant qu’il sonne bien et qu’il est facile à retenir. On est bien un groupe – il y a Pit Romersa à la basse, Jim Scheck à la batterie, Ken Brandenburger à la deuxième guitare et pour la release, il y a aussi Nadja Prange aux keyboards –, mais c’est mon projet et on voulait que ce soit clair pour le public. Il y a un an, on a parlé tous ensemble pour voir si on voulait changer de nom, mais on s’est dit qu’on allait le garder tel quel. Mais je pense que, bientôt, on va communiquer avec le reste de la bande, faire des photos ensemble, etc.

Du coup, c’est vous qui écrivez, vous qui composez, vous qui décidez, mais vous travaillez ensemble, c’est ça ?

C’est moi qui décide, c’est clair. Disons que je suis quelqu’un qui a beaucoup d’idées, mais je ne termine jamais mes idées tout seul dans un coin. Ce n’est pas comme ça que j’imagine le fait de faire de la musique ; ce qui est intéressant, à mon sens, c’est l’échange avec les autres musiciens. Du coup, j’ai l’idée, on la travaille ensemble et après, je décide. Donc, oui, c’est un projet solo, mais ce n’est pas pour autant que je travaille tout seul.

 

« C’est les chansons qui dirigent l’album »

 

Vous avez dit qu’il s’agit de chansons personnelles. De quoi parlent-elles ?

Quand j’écris des chansons, ce n’est pas dans le but de les mettre dans un album. L’album n’a pas un sens unique et précis. J’écris et, au bout d’un moment, je peux décider de mettre certaines d’entre elles ensemble. On est allé en studio avec trente morceaux et après, ce sont les chansons qui dirigent l’album. On écoute tout et on voit ce qui va bien ensemble. Les chansons traitent des thèmes qui m’intéressent. Parfois, c’est un peu politique, Dark, qui vient de sortir, parle des moments difficiles qui existent dans chaque couple. Dear Desire revient sur le moment où je n’avais plus envie de faire de la musique et je me demandais pourquoi je continuais. C’est très différent.

Et du coup, pourquoi avez-vous continué à faire de la musique ? Avez-vous fini par trouver une réponse ?

Oui, je l’ai trouvée. Pour moi, le but de faire de la musique, c’est de la faire avec des copains et de partager, ensuite, ça avec le public, en live.

Et ce titre, Reflections, il n’est pas tiré, comme c’est souvent le cas, du titre d’une chanson. Que faut-il en comprendre ?

C’est vrai. J’ai travaillé tellement sur ces chansons et elles sont tellement personnelles, les textes comme les mélodies, que quand je les écoute, finalement, j’ai l’impression que c’est un peu comme regarder dans un miroir.

Donc Reflections dans le « reflet », pas nécessairement des « réflexions ».

Si aussi, c’est les deux. Absolument !

On ne trouve donc pas beaucoup d’infos pratiques sur le groupe, en revanche, on trouve plein de définitions sur votre musique : modern rock band, rock-pop, indie rock band, mix of energetic rock and captivating melodies… Comment vous la définissez comment, vous ?

Le problème, c’est que j’aime, et il en va de même pour les autres membres du groupe, presque tous les genres de musique. Du coup, oui, il y a du rock, il y a des choses plus dans l’émotion, des synthés… Résultat, c’est difficile à définir. C’est du rock, oui, mais il y a aussi des aspects plus relax, plus doux, mélodiques. C’est pour ça que, finalement, le terme « modern rock » marche assez bien pour parler de notre style, parce que, en vrai, ça veut tout et rien dire à la fois, tout en gardant en tête cet aspect central rock. Et puis, c’est vrai que c’est une musique moderne, même s'il y a quelques sons très eighties.

Très bien. On a bien compris que Leen est un projet solo à plusieurs, mais est-il un side project par rapport à Mad Fox ?

Non. En ce moment, avec Mad Fox, on ne fait rien. On a encore des choses à terminer, mais honnêtement, pour le moment, on n’avance pas vraiment. Du coup, la situation est simple : Leen est mon projet principal. Et il devrait le rester pour un bon moment. Mad Fox n’est pas mort, mais disons qu’il dort pour le moment.

Et le Balthasar – Rosenfeld – Leen – Moreira, c’était vraiment un one-shot l’été dernier ? Il ne reviendra pas ?

J’espère qu’il reviendra. C’était vraiment super cool et on a quelques autres idées. On espère refaire quelque chose ensemble.

 

« C’est plus propre, et je l’assume, c’est un son que j’aime, mais le punk est encore là »

 

Revenons à Reflections. L’album est super énergique et très agréable à écouter. Mais, pour quelqu’un qui vient du punk-rock, c’est pas très punk…

(il rit) Non, c’est clair !

…L’album est extrêmement propre, bien produit, c’est très mélodique, les différents éléments musicaux d’entremêlent naturellement. Presque pop, pourrait-on dire…

Oui, peut-être. Le live va rester un peu plus row. Je joue la guitare et j’aime bien quand ça fait du bruit. Mais au niveau de l’album studio, c’est clair qu’il y a du changement, on évolue, mais je trouve encore beaucoup de choses dans cet album que j’ai entendues dans des albums de punk. Après, oui, au niveau de la production, c’est plus propre. Et je l’assume, c’est un son que j’aime, mais le punk est toujours là.

Vous êtes multi-instrumentiste, mais avant tout guitariste, pourtant, s’il est vrai que la guitare est bien présente dans l’album, il n’y a pas un seul solo.

Non. C’est vrai, j’ai préféré laisser les solos pour le live, en impro. Au niveau de l’écriture, ce n’est pas trop mon truc. Ce que j’aime dans la scène, c’est quand chaque soir est différent de l’autre, selon l'énergie, la salle, le moment. Il faut de l’impro autour de ce socle qu’est l’album, une certaine liberté. Et c’est là qu’on se laisse de la place pour les solos. Mais dans l’album, ce n'est pas mon truc.

L’album est court, 28 minutes à peine, malgré la présence de 9 morceaux. Le morceau le plus long : The End is Endless va jusqu’à 3’50, mais le plus court, Rivers, ne fait que 2’42 et il y a 4 morceaux en tout qui sont sous les 3 minutes. Un besoin d’aller droit au but ?

Oui. Rien à voir avec l’envie de passer à la radio, ou l’envie de faire de la pop, mais j’aime les morceaux compacts, directs, francs. Qui font du sens, même au niveau musical. C’est quelque chose qu’on m’a fait remarquer dans tous les groupes où je suis passé. J’aime quand un morceau commence avec une mélodie, un refrain et on est tout de suite dedans. Les longues intros, ce n’est pas mon truc. Après, en ce qui concerne la durée, pour nous, l’ensemble de l’album représente une boucle, un loop. C’est pour ça que début et la fin ont des trucs similaires, un arpeggio qui revient. Du coup, dans l’idéal, on le laisse tourner et il redémarre.

 

Reflections, de Leen.

Release party ce vendredi 1er mars au Floor de la Rockhal. Support: Brother Truck & The Strings of Love.

https://rockhal.lu/shows/leen-album-release-show/