DENISE LEESCH - SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE LUXEMBOURGEOISE

06 sep. 2023
DENISE LEESCH - SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE LUXEMBOURGEOISE

Article en Français
Auteur: Loïc Millot

Entretien avec Denise Leesch, responsable à la SPL de la coordination du projet soutenu par la Bourse de la Fondation Schleich-Lentz
 

Depuis quand existe la Société Préhistorique Luxembourgeoise (SPL) et qu’est-ce qui a motivé sa création ?

La S.P.L. a été créée en 1979 par une dizaine de passionnés de préhistoire qui souhaitait promouvoir les recherches archéologiques dans ce domaine et contribuer à une meilleure connaissance des époques les plus anciennes de l’histoire du Luxembourg. Dès sa création, elle collabora avec de nombreuses universités et services d’archéologie en France, en Belgique et en Allemagne, qui la soutenaient dans ses travaux. Face à l’augmentation rapide de la destruction des sites préhistoriques par les travaux d’aménagement du territoire dans les années 1970, la S.P.L. voulait aussi convaincre les responsables politiques d’alors qu’il était urgent de créer une section Préhistoire au sein des Musées de l’État qui serait dédiée entièrement à l’étude et à la sauvegarde des sites préhistoriques. Ces gisements sont en effet particulièrement menacés car difficiles à repérer lors de travaux de terrassement non surveillés par des personnes spécialement formées à la détection des vestiges discrets datant de la préhistoire. En 1996, un poste de préhistorien fut enfin créé au sein du Musée national d’histoire et d’art (MNHA), et Foni Le Brun-Ricalens, l’actuel directeur de l’Institut National de recherches archéologiques (INRA), nommé à cette fonction. Avant cette date, l’essentiel des données préhistoriques connues pour le territoire du Luxembourg émanait de recherches menées par des bénévoles, en particulier les personnes regroupées au sein de la S.P.L. Aujourd’hui, les services d’archéologie pré- et protohistorique de l’INRA emploient trois préhistoriens qualifiés.

Pouvez-vous présenter ses missions principales ?

Pendant les trente premières années, la recherche scientifique constituait la mission première de la S.P.L. Dans cet objectif, elle organisait des conférences et des cours d’initiation à la préhistoire réservés à ses membres et aidait les chercheurs amateurs à étudier et publier leurs découvertes dans la revue scientifique qu’elle édite depuis 1979 (Bulletin de la Société préhistorique luxembourgeoise. Revue interrégionale de Pré- et Protohistoire). À plusieurs reprises, elle réalisa aussi des fouilles archéologiques pour pallier l’absence d’une équipe de terrain formée en matière de fouilles préhistoriques au MNHA. Depuis la création d’un service de préhistoire opérationnel au sein du MNHA, elle ne réalise plus de fouilles archéologiques, qui relèvent désormais de la seule compétence de l’INRA. Elle centre ses activités sur l’étude des vestiges découverts à la surface des champs labourés par les chercheurs prospecteurs et développe à cet effet des méthodes de recherche typo-technologiques adaptées aux industries lithiques (haches en pierre, pointes de flèches, silex taillés, instruments de mouture, etc.) et à leur analyse spatiale. Si la formation de ses membres en matière de préhistoire et la publication des résultats de recherche restent ses deux missions principales, l’association s’ouvre davantage depuis quelques années à un plus large public en montant de petites expositions ainsi qu’à travers un partenariat culturel avec le Natur- & Geopark Mëllerdall en proposant des randonnées archéologiques et des workshops pour transmettre les bases de l’identification des vestiges préhistoriques.

Haches

Quelles sont les découvertes majeures réalisées ces dernières années par votre société ?

La notion de « découverte majeure » est peu adaptée à la nature des découvertes réalisées de manière continue par la S.P.L. Dans leur ensemble, les vestiges préhistoriques qui ont résisté à la destruction par les labours et à l’érosion des sols sont peu spectaculaires, puisqu’il s’agit essentiellement de vestiges lithiques (en pierre). La céramique protohistorique, souvent très friable, n’est que rarement conservée si elle n’est pas enfouie profondément dans le sol, tout comme les objets en bronze ou en fer. Parmi les vestiges lithiques, ceux en silex sont les plus nombreux (déchets de débitage, pointes de flèches, outils divers), suivis des lames de hache polies et des instruments de mouture (meules, molettes et bouchardes). Pour les époques les plus anciennes, l’époque de Neandertal en particulier, les outils sont presque toujours façonnés à partir de galets de quartzite et peuvent être considérés comme frustes par un public non initié, alors qu’en réalité les techniques de taille utilisées requièrent un grand savoir-faire.

La S.P.L. a longtemps focalisé ses recherches sur la « Préhistoire » au sens strict de ce terme, à savoir les sociétés dont le mode de vie était basé sur la chasse et la cueillette (Paléolithique et Mésolithique) et qui occupaient le pays avant l’arrivée de populations qui pratiquaient l’élevage d’animaux domestiques et l’agriculture (Néolithique). Ainsi, presque tous les sites de chasseurs-cueilleurs connus à ce jour au Luxembourg ont été étudiés et publiés, tandis que ceux datant de la « Protohistoire » (période comprise entre l’arrivée des premiers paysans et l’époque gallo-romaine), bien plus nombreux, n’ont encore été que peu étudiés. Dans ces ensembles, les haches polies du Néolithique (5300 -2000 avant notre ère) sont des objets emblématiques. Faciles à reconnaître, elles se trouvent par centaines, voire par milliers, dans les collections luxembourgeoises constituées depuis la fin du XIXe siècle et sont associées à une panoplie d’autres vestiges caractéristiques de cette période. Des découvertes majeures sur le Néolithique, en particulier, sont donc à venir, notamment en débutant l’analyse systématique des sites de surface d’une incroyable richesse comme le propose le projet soutenu par la Fondation Schleich-Lentz. Pour traiter ces dizaines de milliers d’objets, une méthodologique nouvelle est cependant nécessaire, et c’est par ce type d’étude que des avancées notables sur la compréhension de l’occupation et de l’exploitation du territoire seront obtenues.

 

Vous venez de remporter la Bourse Fondation Schleich-Lentz. Pouvez-vous présenter votre projet, dans ses grandes lignes ?

En résumé, notre projet vise à évaluer l’impact des activités des premières sociétés agricoles sur le paysage et à explorer ainsi les racines de l’Anthropocène. Il ambitionne plus particulièrement de préciser l’ampleur des défrichements de la forêt au cours des trois millénaires qui ont suivi l’installation des communautés paysannes au Luxembourg, soit entre 5300 et 2000 avant notre ère. Cette question sera examinée à travers les milliers de haches en pierre associées à d’autres témoins archéologiques recueillis depuis plus d’un siècle par les chercheurs amateurs à la surface des champs labourés. Un prototype d’étude centrée sur cette thématique sera réalisé pour la région de Beaufort – Ermsdorf – Medernach – Waldbillig, une zone extrêmement riche en vestiges préhistoriques répartis dans trois collections issues de prospections de surface. Les diverses catégories d’objets – haches, pointes de flèche, instruments de mouture, etc. – seront utilisées comme indicateurs pour localiser de façon précise les habitats néolithiques et les zones d’activité qui s’y rapportent. À partir d’une carte visualisant l’emplacement des installations humaines, il sera tenté de comprendre les mécanismes qui furent à l’œuvre dans le choix des lieux d’implantation des habitats et de dessiner les contours des zones exploitées.

Waldbelleg - Chistnch Heffingen

Quels résultats comptez-vous atteindre concrètement grâce à l’obtention de cette bourse ?

Le projet produira une cartographie détaillée des sites néolithiques révélés par les prospections effectuées par M. Ewers suivant un maillage très fin dans un rayon de 3 km autour de sa ferme de Haller. Cette carte sera complétée par les éléments de deux autres collections provenant du même secteur afin d’obtenir une vision aussi réaliste que possible de l’extension des habitats et/ou de la durée des occupations. Les emplacements des habitats des différentes phases néolithiques seront utilisés comme indicateurs pour suivre la progression des défrichements entre le début et la fin du Néolithique. L’estimation de l’ampleur de ces déforestations sera chiffrée en combinaison avec d’autres indicateurs comme l’analyse des données paléobotaniques témoignant d’interventions anthropiques sur le couvert végétal.

Des avancées méthodologiques permettront de caractériser les sites, comprendre le choix des lieux d’implantation des habitats par rapport à divers facteurs environnementaux comme la nature des sols, la proximité des points d’eau ou des ressources de matières premières et, plus généralement, par rapport aux avantages recherchés pour s’établir dans un endroit spécifique. L’objectif est aussi de disposer, à la fin du projet, d’une méthode qui permettra d’étudier efficacement, et selon un système unifié, les innombrables autres sites de surface datant du Néolithique.

Pouvez-vous expliquer l’intérêt des études préhistoriques dans la compréhension du présent ?

Savoir quand, comment et pourquoi les sociétés se sont transformées permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons actuellement et à chacun de se situer dans le temps long de cette histoire. La préhistoire livre des clés de compréhension sur beaucoup de sujets d’actualité, dont celui qui touche aux racines lointaines de l’impact des activités humaines sur l’environnement, objet de notre projet de recherche. Elle explore tous les champs d’activité qui ont laissé des traces matérielles sur lesquelles, faute de sources écrites, elle peut baser ses investigations. Elle ne se limite donc pas à retracer l’évolution de notre espèce ou celle des techniques, mais enquête sur les sujets les plus divers, comme les systèmes de subsistance, l’organisation des habitats, l’exploitation des ressources naturelles, le fonctionnement des réseaux d’échange et de commerce, les pratiques funéraires ou encore les productions artistiques. Aussi, grâce aux méthodes de l’archéologie, la préhistoire permet aujourd’hui non seulement de retracer l’histoire de l’impact des activités humaines sur l’environnement mais d’examiner également les phénomènes sociétaux qui ont accompagné ces transformations, tels l’émergence des inégalités sociales, des structures du pouvoir et les conflits guerriers. Porter un regard éclairé sur ces sujets en considérant l’histoire longue de l’humanité est certainement bénéfique tant pour prendre des décisions relatives à notre vie personnelle que pour influer sur le devenir collectif de notre espèce.

Comment étaient structurées les premières communautés paysannes au Luxembourg ?

Au Luxembourg, les premiers témoins des sociétés agricoles remontent à 5300 avant notre ère. Seule la phase initiale de cette colonisation (culture du Rubané, appelée ainsi en raison des motifs en rubans qui ornent la céramique), qui dura moins de 400 ans, est relativement bien documentée grâce à de nombreuses découvertes de sites de surface et à plusieurs fouilles qui ont eu lieu à Remerschen, Altwies, Aspelt, Weiler-la-Tour, Alzingen et Diekirch. Ces groupes sont les premiers à pratiquer des ouvertures dans la forêt primaire pour installer leurs maisons et aménager des surfaces cultivables et des pâturages pour le bétail. L’occupation se développe le long de la Moselle mais englobe aussi quelques vallées annexes et plateaux gréseux. Plusieurs sites ont livré des vestiges de maisons (traces laissées dans le sol par les poteaux des constructions) qui permettent de reconstituer précisément l’emplacement de fermes isolées ou regroupées en petits hameaux. Ce sont pour la plupart d’entre elles de grandes maisons, dépassant parfois 30 mètres de longueur, qui abritaient probablement plusieurs familles sous un même toit. Elles sont de plan rectangulaire, construites en bois et en terre, et présentent souvent à division interne en deux ou trois parties réservées à des fonctions distinctes. Bien que les données soient encore lacunaires pour le Luxembourg, nous savons qu’il s’agit de sociétés fortement structurées, ce qui se reflète aussi bien dans les rituels funéraires, l’architecture, les motifs qui ornent la céramique et les industries lithiques qui montrent une grande uniformité sur des aires géographiques relativement vastes. La faible place accordée à l’improvisation ou à l’individualisme est sans nul doute l’expression d’une organisation sociale stricte, mais cela vaut pour la plupart des cultures du Néolithique. Il est également intéressant de constater que les toutes premières communautés paysannes n’exploitent pas encore les roches locales pour fabriquer les haches dont elles ont besoin pour abattre les arbres et travailler le bois, mais qu’elles utilisent uniquement des roches d’importation (basaltes et amphibolites essentiellement) en provenance de l’Eifel et du Hunsrück.

En ce qui concerne les phases suivantes du Néolithique, et jusqu’au moment de la généralisation de l’usage d’objets en bronze vers 2000 avant notre ère, la documentation archéologique provient presque exclusivement de sites de surface comme ceux qui seront examinés dans le cadre du présent projet de recherche. Les informations concernant l’organisation de l’habitat et les autres domaines de ces sociétés sont encore peu précises. Il est cependant certain que leur structuration a fortement varié au cours des trois millénaires qu’a duré le Néolithique et que l’organisation des premiers colons avait peu en commun avec celle des sociétés à l’aube du développement de la métallurgie car des changements notables s’observent dans l’architecture, les rituels funéraires, les pratiques agricoles, l’organisation territoriale et les circuits commerciaux mis en place pour acquérir certaines matières premières dont elles avaient besoin.

Que nous apprennent les recherches de la SPL sur la préhistoire du GDL ?

Les recherches menées par la S.P.L. sont un complément indispensable aux opérations de fouille menées par l’INRA. Ces dernières sont essentiellement des interventions d’archéologie préventive réalisées dans le cadre de travaux d’aménagement du territoire et, de ce fait, ne se distribuent pas de manière homogène sur l’ensemble du pays mais se concentrent dans les zones à fort développement économique ou urbanistique. Les prospections de surface, en revanche, réalisées par les membres de la S.P.L. ont l’avantage de couvrir tout le territoire et de remplir ainsi les « vides archéologiques » dus à l’absence de fouilles dans certaines régions. En fait, sans les données des prospections de surface, la carte des sites préhistoriques du Grand-Duché du Luxembourg serait pratiquement vide car 99 % des sites préhistoriques connus à ce jour ont été découverts par des chercheurs amateurs.

Les recherches de la S.P.L. sont particulièrement utiles pour enquêter sur les périodes pendant lesquelles les humains se servaient d’outils en pierre (Paléolithique, Mésolithique et Néolithique), c’est-à-dire celles antérieures à la généralisation de l’usage d’objets en métal. Dès que le métal fut inventé et utilisé de manière régulière, à partir de l’âge du Bronze (vers 2000 avant notre ère), il devient plus difficile de localiser des sites en surface si la céramique n’est plus conservée. Toutefois, même pendant l’âge du Bronze et pendant l’âge du Fer, les instruments de mouture pour produire la farine sont en pierre (meules, molettes, bouchardes) et signalent l’emplacement des fermes datant de ces époques. Ces instruments, aux formes caractéristiques, sont donc de précieux indicateurs pour localiser les habitats antérieurs à l’époque gallo-romaine.

Comment comptez-vous vous organiser en interne pour mettre en œuvre cette recherche ?

La S.P.L. dispose de locaux aménagés dans le Centre scolaire et sportif Michel Rodange de Waldbillig qui offrent un cadre idéal pour travailler dans de bonnes conditions pendant toute la durée du projet. Cet espace, mis à disposition par la commune de Waldbillig, héberge également une bibliothèque comprenant de nombreuses revues scientifiques acquises par voie d’échange avec le Bulletin de la S.P.L. et qui constitue un outil de recherche indispensable. Ce lieu servira aux différentes séances de travail régulières ainsi qu’à des workshops plus spécifiques pouvant accueillir jusqu’à huit participants.

Cela fait déjà plus d’une année qu’un groupe de travail formé de trois membres de la S.P.L. se consacre à un premier tri et au reconditionnement des vestiges de la collection de M. Ewers, principal objet d’étude du projet. Dans la suite du projet, la S.P.L. renforcera l’équipe avec plusieurs autres membres ainsi qu’avec des étudiant-e-s en archéologie préhistorique venant d’universités des pays voisins car l’université de Luxembourg n’offre pas de cursus académique en matière de préhistoire. La S.P.L. ne dispose cependant pas, au sein de ses propres rangs, de toutes les compétences nécessaires pour mener à bien l’ensemble des tâches prévues et devra notamment faire appel aux services de plusieurs personnes spécialisées dans des domaines particuliers tels que le traitement informatique des données, leur modélisation spatiale ou encore le dessin scientifique.

Le projet se déroule sur une période de trois années (01.01. 2024 – 31.12.2026) et se divise en cinq phases. La coordination entre les différents acteurs sera assurée par la S.P.L., en concertation avec l’Institut national de recherches archéologiques (INRA) et le Musée national d’archéologie, d’histoire et d’art (MNAHA). L’ensemble est supervisé par Denise Leesch, docteure en archéologie préhistorique qui possède une longue expérience dans la gestion de projets, l’étude et la publication de sites préhistoriques. De plus, un mentor externe, spécialiste du Néolithique, sera impliqué pour accompagner le projet tout au long du processus. D’ores et déjà, privatdozent Dr. habil. Urs Leuzinger, archéologue au Service cantonal d’archéologie du canton de Thurgovie (Suisse) et directeur du Musée d’archéologie de Frauenfeld a donné son accord pour un tel mentoring.

 

Quelles actions de sensibilisation ou de médiation mettez-vous en œuvre en direction du public luxembourgeois ?

Les recherches menées par la S.P.L. relèvent pleinement de ce que l’on qualifie habituellement de science participative. Par l’intermédiaire de son site web (www.prehistoire.lu) et de son périodique d’information qui paraît quatre fois par année, et qui peut être consulté en ligne, la S.P.L. invite régulièrement ses membres ainsi que le public extérieur à l’association à participer aux différents groupes de travail et événements qu’elle organise. Tout au long de l’année, de nombreuses activités sont en effet proposées aux personnes intéressées par la préhistoire et les opportunités pour aller à la rencontre des habitants du Luxembourg sont nombreuses. De plus, grâce au partenariat culturel entre la S.P.L. et le Natur- & Geopark Mëllerdall, de nombreuses occasions seront créés pour sensibiliser le public nombreux et diversifié qui visite la région du Müllertal à laquelle se rattachent la plupart des sites étudiés dans le cadre du présent projet. Enfin, comme les résultats scientifiques seront publiés dans le Bulletin de la Société préhistorique luxembourgeoise et que la S.P.L. pratique la politique de l’Open Access, la diffusion libre et gratuite des résultats est assurée par la mise en ligne des publications sur le site internet de l’association.

 

Quelles sont enfin les perspectives de recherche que vous allez mettre en œuvre ces prochaines années ?

S’agissant d’un prototype d’étude limité à une aire géographique restreinte, il est prévu d’étendre les investigations dans les prochaines années à d’autres régions du pays, jusqu’à couvrir, en définitive, l’ensemble du territoire. Si la démarche empruntée s’avère fructueuse et qu’elle livre les résultats escomptés, il est aussi envisagé d’élaborer un projet transfrontalier interrégional qui permettra d’inclure les zones limitrophes du Luxembourg et qui, elles aussi, recensent un grand nombre de sites de surface datant du Néolithique en attente d’être étudiés. Dans une telle perspective à l’horizon de 2030, la zone située de part et d’autre de la Sûre, entre Diekirch et Echternach occupera une place particulière car c’est dans cette aire qu’ont été fabriquées des milliers de haches en roches dévoniennes (des Ardennes) qui ont diffusé jusqu’à plus de 100 km de leurs lieux de production.

Le projet soutenu par la Fondation Schleich-Lentz est donc conçu comme le point de départ d’une longue série d’études sur le Néolithique basées sur les riches ensembles récoltés en surface depuis plus d’un siècle. Il représentera un jalon important dans la compréhension du début de la transformation du paysage par les activités humaines et ouvrira de nouvelles perspectives pour l’étude d’innombrables autres ensembles qui sont en attente d’être intégrés à une recherche de haut niveau. Le travail des chercheurs amateurs se trouvera ainsi valorisé en même temps que les participants comprendront l’utilité d’améliorer encore les méthodes de prospection pour mieux répondre aux standards actuels de la documentation des vestiges trouvés en surface et aux nouveaux questionnements.