Le fonds stART-up

04 sep. 2023
Le fonds stART-up

Anouk Wies, stART-up, Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte, © Lynn Theisen
Article en Français
Auteur : Ben Kraemer
Anouk Wies, Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte, © Lynn Theisen

Initialement, après la Seconde Guerre mondiale, l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte a été mise en place pour aider les victimes. Aujourd’hui, l’établissement public soumis à la tutelle du Ministère d’État gère la Loterie Nationale et soutient des associations à réaliser des projets d’intérêt public dans les domaines suivants : Social, Culture, Environnement, Sport & Santé et Mémoire & Patrimoine. Il y a cependant un projet de soutien qui mérite d’un intérêt assez particulier quant à la culture jeune du Luxembourg. Une rencontre avec Anouk Wies, conseillère stratégique au recteur de l’Université du Luxembourg en matière culturelle et présidente du jury de stART-up, qui traite les candidatures du fonds stART-up et du fonds Prix culture et création de l’Œuvre.

Le fonds stART-up existe depuis 2012 et contribue dès lors à l’émergence et au développement de projets créatifs menés par des jeunes dans le secteur culturel. Comment est-ce que l’idée pour stART-up a été conçue ? Quels étaient les premiers pas vers son installation et quel développement avait-on pu observer dans la dizaine d’années depuis sa création ?

L’idée est née en mai 2011, lors d’une table ronde organisée par l’Œuvre qui réunissait les acteurs-clé et principaux·ales représentant·e·s du domaine de la culture. Craignant un désengagement des sponsors privés et d’autres répercussions possibles de la crise de 2008 sur le financement de la culture, un concept pour la promotion et l’export de la créativité jeune a été conçu, posant ainsi les bases du fonds stART-up, qui a été créé le 18 juin 2012.

Depuis, le stART-up a développé une certaine notoriété dans le secteur et nous nous réjouissons de voir que la qualité des dossiers a augmenté considérablement, les artistes choisissent de plus en plus des projets pertinents. Nous assistons donc vraiment à une superbe évolution, également au niveau du jury, qui se renouvelle régulièrement et qui est composé de membres très dynamiques, tous expert·e·s dans différents domaines du secteur culturel.

Le financement stART-up s’élève à 25.000 € maximum. Qui est éligible et comment se fait la demande ?

En offrant ce soutien important dans la réalisation d’un projet d’envergure, le fonds stART-up donne la possibilité aux jeunes artistes et acteurs ou actrices culturel·le·s de marquer une étape dans leur vie professionnelle. Afin de pouvoir bénéficier d’un financement par le fonds stART-up, il faut répondre à certains critères, à savoir être âgé·e de moins de 36 ans, avoir accompli un cursus professionnel, académique ou universitaire et faire preuve d’une première expérience dans la matière et avoir la nationalité luxembourgeoise ou un lien avec le Luxembourg. Il faut savoir que l’on ne peut recevoir l’aide du fonds stART-up qu’une seule fois.

Pour introduire une demande, il suffit de se connecter à notre plateforme de soumission de projet. Cette plateforme permet de créer un compte utilisateur à travers lequel on peut introduire des demandes, sauvegarder les formulaires en cours de saisie et consulter ses demandes déjà soumises.

Le soutien de stART-up ne s’arrête pas dans le financement de projets, mais vous offrez aussi une formation interdisciplinaire pour artistes et créatifs en collaboration avec la House of Training, qui vise à éduquer les participants dans les domaines de la gestion de projet artistique et du marketing ainsi que dans les aspects juridiques. Comment est-ce que les bénéficiaires profitent de cette offre ?

Depuis plus de 6 ans, la formation rencontre un franc succès aussi bien auprès des participant·e·s que des formateur·rice·s. Depuis 2 ans, la formation est offerte en collaboration avec le Ministère de la Culture. Le nombre de personnes qui s’inscrivent est toujours supérieur aux places disponibles, de ce fait deux sessions annuelles sont organisées. Au-delà des connaissances théoriques – maîtriser le cadre légal et les aspects juridiques du secteur – et pratiques – savoir gérer et coordonner un projet artistique ainsi que communiquer de manière stratégique – les participant·e·s rencontrent de nouvelles personnes et élargissent leur réseau professionnel.

Les artistes et créati·ve·s peuvent accéder à cette formation gratuite sur présentation de dossiers de candidature.

En 2022, treize projets ont-été soutenus par le fonds stART-up. Quel est le feedback général que vous recevez des bénéficiaires ?

Pour beaucoup d’artistes et de créatif·ve·s le coup de pouce du fonds stART-up représente l’aide nécessaire à un moment fondateur de leur carrière. En 10 ans, plus de 200 projets ambitieux, innovants et hors du commun ont pu être financés. Ces projets se démarquent d’autres projets en apportant une certaine sécurité pour permettre un processus de création complet et structurant. Les bénéficiaires peuvent ainsi matérialiser des projets intégralement comme ils et elles les ont pensés.

La réalisation de ces projets crée de nouvelles opportunités pour les bénéficiaires et soutient leur développement professionnel et personnel. Les artistes gagnent en expérience, peuvent expérimenter, développer leurs idées librement, réaliser des projets jusqu’au bout et ainsi établir une base fondamentale pour leur démarche artistique future.

Nous invitons les lecteurs et lectrices à jeter un coup d’œil sur les vidéos témoignages que nous avons réalisées pour le 10e anniversaire du stART up pour connaître le feedback des bénéficiaires et regarder une rétrospective d’une sélection de projets réalisés depuis 2012.

On peut observer une baisse de presque la moitié des projets soutenus par stART-up en 2022 par rapport à 2021. Comment est-ce que vous vous expliquez ce recul ?

Comme dans de nombreux domaines, il y a des périodes pendant lesquelles il y a beaucoup d’échanges et d’autres où il n’y en a pas. Le soutien du stART-up n’y fait pas exception, il a toujours été assujetti à des fluctuations. Par ailleurs, nous avons assisté à une augmentation sans précédent des aides durant la période de pandémie. Il faut également noter que les autres partenaires dans le domaine de la culture ont mis en place des changements structurels des aides allouées, ce qui a évidemment aussi un impact sur les demandes de financement de l’Œuvre et constitue un développement favorable pour tout le secteur.

Nous avons d’ailleurs récemment lancé une campagne de promotion du fonds stART-up sur les réseaux sociaux et avons hâte de voir le retour.

Responsable pour le traitement des demandes de financement est un jury composé de dix représentants de différents métiers du secteur culturel luxembourgeois. Dix juges, dix domaines d’activités, dix opinions. Comment se déroule la prise de décision ? Selon quels critères est-ce que vous faites le choix des projets qui seront financés ?

Nous sommes extrêmement reconnaissant·e·s envers l’engagement des membres du jury stART-up, ces expert·e·s professionnel·le·s siègent sans rémunération et en toute indépendance. Les décisions sont prises de façon collégiale et neutre. Les principaux critères d’évaluation sont la qualité artistique du projet et les ambitions artistiques du ou de la bénéficiaire, plus précisément l’aspect professionnalisant et l’impact que crée le projet pour l’artiste. D'autres critères sont notamment la faisabilité logistique et budgétaire, l’expérience et l’aspect promotionnel et durable du projet.

Quels défis voyez-vous toujours ou, peut-être, plus que jamais pour les jeunes d’aujourd’hui voulant se lancer dans une entreprise créative dans le secteur culturel ? Comment envisagez-vous réagir sur ces problèmes au futur et quelles sont les prochaines étapes pour le fonds stART-up ?

Le défi majeur de notre époque auquel toute l’humanité est confrontée est le changement climatique. Les créatif·ve·s et les acteur·rice·s culturel·le·s réfléchissent et peuvent contribuer à trouver des solutions pour la protection de la planète et participer aux efforts de la société.

Un nouveau formulaire de demande d’aide est en cours d’élaboration et un critère de développement durable y figurera.

En matière de communication, nous donnerons plus de visibilité au fonds au moyen des nouveaux médias, tout en mettant en avant l’apport et la diversité culturels de jeunes artistes au Luxembourg.

Nous sommes aussi en train de réfléchir à l’organisation de rencontres des bénéficiaires ancien·ne·s et futur·e·s, afin de stimuler davantage les échanges entre les artistes, le développement de réseaux et, qui sait, des co-créations interdisciplinaires.

Enfin, nous cherchons davantage des échanges et des collaborations avec les autres structures proposant des aides aux artistes pour faciliter et ajuster les démarches administratives.