LuxCon 2024

Auteur: Pablo Chimienti

LuxCon 10 ans

La Luxembourg Convention – LuxCon pour les intimes – est de retour, les 13 et 14 avril au Forum Geesseknäppchen de la capitale. Le rendez-vous annuel des geeks – qu’ils soient cosplayeurs, fans de fantasy, science-fiction, horreur, addicts aux jeux de rôles, de société ou vidéo… – célèbre cette année son dixième anniversaire. L’occasion de jeter un rapide coup d’œil en arrière, sur ce qui explique la naissance de cette manifestation et sur son évolution.

« Our story starts a long time ago in a galaxy not so far, far away... » peut-on lire sur le site web de la LuxCon, dans un clin d’œil clair à Star Wars et son univers de space fantasy. Et s’il est vrai que la LuxCon fête, cette année, ses 10 ans d’existence, il faut remonter à la toute première édition de Luxembourg Capitale européenne de la Culture, en 1995, pour trouver les prémices de sa fondation. Avant même la naissance de la Science Fiction & Fantasy Society (SFFS), association organisatrice de l’événement, il y avait la « Magic Association Luxembourg » qui malgré le nom ne réunissait pas des prestidigitateurs, mais des joueurs du jeu de cartes à collectionner Magic :The Gathering.

« L’association est née suite à la nécessité d’avoir un club pour avoir une existence officielle en tant que joueurs » se rappelle Gérard Kraus, le coordinateur de la Science Fiction & Fantasy Society (SFFS). Leur but ? « On jouait, on regardait des animés, on allait au cinéma entre copains… C’est vite devenu un club de fans de science-fiction, de fantasy et d’horreur. On a fait des jeux de rôle grandeur nature, des soirées jeux de carte, on allait ensemble au festival Cinénygma, on se rendait aux festivals qu’il y avait autour, à des conventions en Allemagne, en France ou en Belgique. » Il poursuit : « Avec le temps, on a changé de nom, les membres sont partis à l’université, puis sont revenus avec des idées et des propositions différentes… De nouveaux membres se sont ajoutés… et en 2013, on a organisé un événement qui participait à une journée internationale du jeu de société. Et ça a bien marché. Cette première expérience nous a motivés, ensuite, à faire ce qu’on avait toujours rêvé de faire, dès la rédaction des statuts de l’association, une convention ».

« À l’extérieur le monde est moche et gris, ici c’est coloré et on peut être qui on veut ! »

C’est ainsi qu’une année plus tard la commune de Kayl, dans le sud du pays, voit débarquer à la Shungfabrik une (gentille) horde de personnages étonnants issus de Star Wars, Star Trek, de Stargate SG1, de World of Warcraft, de Warhammer 40.000, mais aussi de différents univers tirés de comics, de mangas, de jeux… ainsi que plusieurs centaines de geeks et autres nerds revendiqués à l’occasion de la toute première LuxCon sous-titrée « Festival de l’imaginaire ». « On espérait 500 personnes sur le week-end, on en a eu 1.300 ! » note la cheville ouvrière de la manifestation. « Ça a été un moment très fort pour nous tous. Ça voulait dire qu’on avait eu raison de proposer une telle manifestation, que c’était quelque chose qui plaisait aux gens et surtout que nous n’étions pas seuls au monde dans notre association ; D’autres personnes aimaient aussi ces choses-là ! Et les retours qu’il y a eu dans la presse disaient tous à peu près la même chose : « Enfin un tel événement au Luxembourg ». Je me rappelle d’une jeune femme dans une interview qui disait : « à l’extérieur le monde est moche et gris, ici, c’est coloré et on peut être qui on veut ! » C’est exactement ça l’idée ! ». Il ajoute : « On ne s’attendait pas à avoir beaucoup de monde en costume. Le cosplay était une discipline que nous connaissions au sein de l’association, que certains de nous pratiquaient un peu, mais ce n’était pas encore très connu. Quand on a vu les premiers cosplayeurs, on s’est dit que ça devait être des Allemands, ou en tout cas des gens qui venaient de loin, mais en fait, ils étaient de Schifflange ».

Depuis cette première édition réussie, la LuxCon a évolué, déménagé à plusieurs reprises, grandi, mais, assure le responsable, « garde le même ADN encore aujourd’hui ». Un ADN festif, coloré, tolérant, bienveillant, ouvert à toutes les fantaisies, à toutes les folies, à toutes les formes d’art, tant que ça touche au fantastique, à la SF ou à l’horreur. « C’est un lieu de retrouvailles où être entre semblables, où on peut discuter avec des personnes qui ont des passions communes aux nôtres, mais aussi un lieu où découvrir l’univers de tel autre film, série, dessin animé, livre, BD, jeu… Des trucs souvent perçus ailleurs comme ridicules, pour enfants, mais qui ici sont valorisés. Là, personne ne juge, au contraire, on forme une communauté ».

Une communauté qui n’a cessé de grandir, ce qui a obligé les organisateurs à quitter leur première maison de Tétange – « lors de la troisième édition on a créé un tel chaos au niveau de la circulation… » se rappelle Gérard Kraus – pour s’installer d’abord dans la capitale – « c’est plus pratique, plus grand et plus central… » – puis à Dudelange, dans le cadre d’Esch 2022, avant de revenir cette année au Forum Geesseknäppchen d’Hollerich. La LuxCon a atteint les 5.000 visiteurs par le passé, avant de perdre quelques aficionados depuis la crise du COVID et de devoir se contenter de 3.000 visiteurs l’an dernier. Si la pandémie semble avoir assené un coup à la manifestation, le fantastique, lui semble faire de plus en plus d’adeptes.

Du geek devenu parfois mainstream

Normal, selon le responsable, pour qui les geeks ont le vent en poupe. « On a profité, ces dix dernières années, de la popularité de différentes franchises du fantastique comme The Walking Dead ou Game of Thrones, sans oublier les nouveaux films des sagas Star Wars, Star Trek ou encore les nombreux Marvel, qui sont devenues carrément mainstream. Le fantastique, la science-fiction et l’horreur marchent très fort. Il y a donc une nouvelle acceptance pour tout ça et du coup, de nouvelles personnes qui s’intéressent à ce que l’on fait. Depuis la première édition de la LuxCon on a aussi vu, au Luxembourg, la naissance de plusieurs associations en lien avec le fantastique, le cosplay, etc… et l’émergence de jeunes auteurs grand-ducaux qui se sont mis à écrire du fantastique, puisqu’il y a désormais un marché pour ça. Les créateurs locaux et régionaux peuvent désormais faire du fantastique et trouver une communauté intéressée ».

Une évolution positive pour les organisateurs de la LuxCon qui comptent bien, cette année, « dépasser, les 4.000 visiteurs ». Voire espèrent « frôler les 5.000 à nouveau ». Et pour ce faire, ils ont concocté, pour ce 10e anniversaire de la manifestation, deux journées bien remplies pour s’amuser et célébrer l’imaginaire dans toutes ses formes. « Cette année, on a mis l’accent sur les artistes, avec tout un tas d’artistes régionaux, locaux, qui vont montrer ce qu’ils font en création propre, mais aussi en fan-art ; On aura toute une allée de vendeurs pour acheter des figurines d’action, des objets de collection, des friandises japonaises... ; On aura aussi toute une panoplie de jeux de rôles, jeux de société, jeux vidéo… On aura nos traditionnels Cosplay Contest, LuxCon Geekquiz et Geekaraoke ; On aura des écrivains sur place, avides de raconter leurs histoires et signer des dédicaces, mais aussi tout un programme de discussions, de présentations, de tables rondes et d’ateliers sur le cosplay, sur l’écriture, sur la calligraphie… On peut donc aussi apprendre pas mal de trucs », insiste Gérard Kraus qui ajoute : « Et surtout, on pourra se faire de nouveaux amis, partager ses passions, boire un coup ensemble et faire la fête ».

Star Trek et Star Wars à l’honneur cette année

Et les geeks semblent avoir bien noté l’événement dans leur agenda. Qu’il s’agisse de pros, comme l’auteur de BD Andy Genen – « Je participe à la LuxCon depuis la toute première édition. J’ai même eu l’honneur de créer l’affiche à deux reprises, souligne-t-il, La LuxCon est devenu un des événements majeurs pour moi au Luxembourg avec le festival BD de Contern et les Walfer Bicherdeeg. Ici, la BD n’est qu’un secteur parmi nombreux autres, ce qui veut dire que les gens ne viennent pas forcément pour ça, mais en même temps, cela nous donne justement l’opportunité de nous faire découvrir par un nouveau public. Et puis, c’est une ambiance assez unique avec différents exposants qui ont des stands diversifiés et très intéressants. Et il y a, bien sûr, les cosplays qu’on peut admirer tout au long du week-end » nous dit-il – ou grand public, comme la famille Duluard, des habitués – « Ce qui nous plait c’est les concours de cosplay et toutes les geekeries en tout genre qui nous permettent d’enrichir nos collections (…) mais on aime aussi les ateliers proposés qui sont très sympas : jeux, workshop en tout genre qui vont de la création de costumes ou de figurines. En plus, la dernière fois, j’ai pu m’exercer au combat de chevalier médiéval ; c’était super ! » explique le père de famille.

Et puis, cette année, les fans de Star Trek et de Star Wars devraient être particulièrement heureux puisque Eric Stillwell, un des producteurs du premier, et Samantha Alleyne, une des rares femmes à avoir joué un Stormtrooper dans le second font partie de la longue liste d’invités.

Le week-end s’annonce effectivement, fantastique !