Kamellebuttek - Hidden Gems

21 juil. 2023
Kamellebuttek - Hidden Gems

© Pier Schmitz
Article en Français
Auteur: Loïc Millot
Photo: L'équipe du Kamellebuttek (sans Thomas Lloyd), de gauche à droite: Yannick Tossing, Raphael Gindt, Daniel Mac Lloyd
© Pier Schmitz

Entretien avec Yannick Tossing

Directeur artistique de la toute récente galerie Kamellebuttek installée à Esch-sur-Alzette, Yannick Tossing est, comme toute son équipe, actuellement plongé dans les derniers préparatifs de l’exposition collective « Hidden Gems » qui va débuter samedi 22 juillet 2023. Save the Date !

Yannick Tossing, pouvez-vous présenter votre galerie : son année de création, le choix de son nom, la ligne artistique que vous suivez, les artistes que vous encouragez, la façon dont vous vous situez et vous vous positionnez dans le milieu des galeries luxembourgeoises ?

La galerie a été fondée en septembre 2018 par deux artistes indépendants : Raphael Gindt et Daniel Mac Lloyd. Depuis, nous avons grandi avec, notamment, Thomas Lloyd et moi, suivis de toute une équipe géniale et motivée derrière nous. Le financement de notre projet provient de nos artistes et de nos projets, ce qui relève donc d’un financement privé.
En ce qui concerne le nom : avant l’ouverture de la galerie, Daniel a dû envoyer un paquet par voie postale. Et lorsqu’il a demandé un timbre au bureau de poste, la personne au guichet lui a répondu : « Mais bien sûr que nous avons des timbres, nous ne sommes pas un Kamellebuttek !  magasin de
bonbons »). En Luxembourgeois, l’expression “Kamellebuttek” désigne un organisme qui est un peu chaotique ou désorganisé. En y réfléchissant avec Raphael Gindt, tous deux ont pensé que cela pourrait bien refléter d’une part le style de leurs œuvres avec le chaos des couleurs et les splash de la peinture ; et que, d’autre part, cela traduirait bien notre façon dynamique, motivée et flexible, de créer nos projets. De plus, l’idée de voir plein d’objets de couleurs vives rappelle le cheminement de l’enfant dans un magasin de bonbons.
Comme nous sommes nous-mêmes artistes, nous savons à quel point il est difficile de faire ses premiers pas dans le milieu artistique.
Donc, nous encourageons tout particulièrement des jeunes artistes émergents et enthousiastes, souvent locaux. Étant une Galerie indépendante, qui a été créée par des artistes et pour les artistes, nous nous concentrons sur des collaborations avec des artistes, que ce soit dans le monde des arts visuels ou dans toute autre activité culturelle. Ceci peut se présenter au sein de notre institution culturelle même, mais aussi en dehors. Au Kamellebuttek, nous vivons pleinement la culture, et ne nous limitons pas juste à l’organisation d’expositions, mais essayons de vivre l’esprit de collaboration de manière plus familiale.

Kamellebuttek

Estimez-vous qu'il y a un manque de galerie à Esch-sur-Alzette et à partir de quel constat ou état des lieux avez-vous décidé de fonder la
vôtre ?

Nous pensons qu’il y a effectivement une pénurie de galerie d’art à Esch. On trouve un bon nombre d’espaces d’exposition, mais pas forcément
de vraies galeries d’art. Raphael Gindt et Daniel Mac Lloyd ont d’un côté décidé de fonder leur propre galerie pour pouvoir rester indépendants en tant qu’artistes, et de l’autre côté, ils voulaient créer un espace culturel commun, où inviter d’autres artistes à former des synergies culturelles.

Vous êtes directeur du Kamellebuttek : en quoi consiste votre métier concrètement, dans ses grandes lignes ?

En tant que directeur artistique, je m’occupe surtout de l’organisation et de la curation des expositions qui ont lieu dans notre établissement. Les
tâches sont diverses : recherche de nouveaux artistes pour des collaborations ou des nouveaux projets, la communication de la galerie sur les réseaux sociaux, sélection artistique, coordination. Mais chez nous, nous mettons en valeur l’esprit d’équipe et donc tout le monde est un peu impliqué partout. Parfois, je suis aussi présent sur le terrain pendant des projets muraux ou des workshops. De même pour Raphael, Daniel et Thomas qui m’aident souvent dans la galerie.

Lea gurdich oeuvre au KAmellebuttek photo par Yannick Tossing
Oeuvre de Lea Gudrich au Kamellebuttek © Yannick Tossing

Vous allez accueillir une manifestation collective le 22 juillet, intitulée Hidden Gems : pourquoi ce titre ? et quel est le concept ou l'idée directrice qui en est le fil conducteur ?

Le titre “Hidden Gems” (bijoux cachés) nous est venu quand nous avons pensé à tous les talents artistiques qui n’ont jamais osé contacter une
galerie pour exposer et ont maintenant une chance de faire partie d’une grande exposition de groupe au sein d’une galerie. Parfois cela peut sembler
angoissant de contacter une institution culturelle pour déposer un CV ou un portfolio. Pour d’autres personnes, cette barrière s’explique par des raisons
financières (frais d’inscriptions, commission trop élevée, etc.). C’est pour cela que nous voulions donner la chance à chacun/e d’envoyer une
candidature. Nous sommes ravis d’avoir eu tellement de personnes motivées qui nous ont contactées. Cette exposition ne concerne pas seulement des artistes expérimentés, mais aussi toute personne créative.
Comme notre open call n’a pas de frais d’inscription et un pourcentage de commission de 0% de notre part, le côté financier n’a pas de priorité. L’importance est l’aspect social qui vient fédérer des gens créatifs et enthousiastes.

Toujours dans le cadre de cette expo, quels sont les artistes luxembourgeois qui y seront exposés et quelles sont les œuvres qui seront montrées à cette occasion ?

Pour cette exposition, nous présentons des artistes de plus de dix pays différents, et donc le focus ne se pose pas sur des artistes individuels, mais plutôt sur la création d’une composition collective et sans frontières. Des œuvres nous ont été envoyés et déposés de la Grèce, Pologne, Angleterre, Chypre, Pays-Bas, France, juste pour en nommer quelques exemples.

Comment, ou sur quels critères, avez-vous opéré la sélection des œuvres retenues dans cette exposition ?

Un jury de cinq membres de notre équipe Kamellebuttek a regardé et discuté le choix de plus de 80 œuvres que nous avons trouvés dans nos mails. Les
critères principaux de notre décision étaient l’authenticité de l’œuvre, le message, mais aussi une cohérence et compatibilité avec le projet entier. Nous avons essayé de trouver des œuvres qui nous permettent de créer une bonne composition collective. Malheureusement pour des raisons d’espace, nous avons dû en refuser quelques-unes. Mais nous sommes contents de pouvoir présenter plus de soixante œuvres tout de même.

Êtes-vous en contact ou travaillez-vous étroitement avec d'autres structures à Esch et si oui lesquelles et sur quels projets ?

Nous participons et organisons beaucoup de projets avec des institutions
locales comme la commune, l’auberge de jeunes, les maisons relais, les maisons de jeunes, les écoles d’Esch-sur-Alzette mais aussi ses alentours. Souvent, cela se fait sous forme de workshops ou de projets artistiques
pédagogiques.

Outre l'organisation d'expos, travaillez-vous sur d'autres aspects
tels que la médiation, la formation, etc ?

Nous sommes, entre autres, actifs dans la coordination de projets, de workshops, l’organisation de cours d’arts gratuits pour tout public dans notre espace d’atelier. Nous essayons aussi d’être assez présents sur d’autres événements culturels pour rester en contact avec le monde culturel luxembourgeois en dehors du Kamellebuttek et Esch.

Quels sont vos projets futurs, vos perspectives de travail concernant votre galerie, les autres artistes luxembourgeois que vous comptez
valoriser ?


En tant qu’artistes, nous voulons bien sûr continuer à créer de
nouvelles peintures et œuvres d’arts. L’un des buts que nous visons consistera à créer encore plus de collaborations directes avec des artistes locaux et soutenir encore plus des projets collectifs. L’une de nos motivations, aussi, repose sur le fait de combiner encore plus l’art et la pédagogie aussi bien que favoriser l'intégration de toutes les personnes intéressées par la création artistique. Ceci implique de mettre en valeur et de développer encore plus nos cours artistiques, que nous avons déjà organisés il y a quelques années et qui ont repris en 2023.

Y a-t-il des tendances ou des mouvements artistiques de prédilection vous concernant, et si oui lesquels ?

Nous sommes ouverts à toute création créative, du moment qu’elle rend heureux le créateur. Mais en tant que Urban Contemporary Art Gallery, nous nous informons beaucoup sur l’art urbain et le street art à travers toutes ses formes.