Redécouvrons le jardin à la Bibliothèque nationale du Luxembourg ! Vu Gäert a Bicher est une exposition qui explore les liens intimes entre jardins, parcs et livres…

Sur fond d’urgence climatique, l’imaginaire autour des jardins et des parcs s’impose comme un symbole puissant des changements à l’œuvre dans nos sociétés. Ces lieux où se mêlent détente et travail, création et discipline, savoir et rêverie sont au cœur de l’exposition Vu Gäert a Bicher : Des jardins et des livres ou Des jardins dans les livres, est à la fois un jeu de mots et un parcours illustré par des documents inédits, offrant un nouvel aperçu de la nature et des idées, liées à ces espaces verts aménagés.

Le jardin, une manière particulière d’être au monde.

À sa manière, l’exposition revisite l’histoire sociale, scientifique et culturelle du Luxembourg. Aussi s’agit-il aujourd’hui, à travers les jardins et les parcs de tisser des liens entre « humains » et non « humains ». « La Terre est comme le jardin un espace clos et arpentable que l’homme en bon jardinier, doit ménager », répète à l’envi Gilles Clément, ingénieur horticole français et jardinier-poète. C’est ce que nous laisse entrevoir cette exposition très documentée.

Et l’on apprend que : « Si aujourd’hui nous entendons par « jardins » principalement des lieux privés, fermés, et cultivés au XIXe siècle, les parcs publics en faisaient également partie. À Luxembourg, en 1867, avant même le démantèlement des fortifications, plusieurs projets urbanistiques avaient déjà vu le jour, tels ceux de Jean-Baptiste Liesch, qui prévoyaient la création de parcs d’inspiration anglaise et de jardins privés aménagés selon des plans précis. De nombreux espaces verts ont été imaginés, même s’ils n’ont pas toujours été réalisés. Ainsi, l’architecte paysagiste Edouard André conçut un jardin botanique et zoologique entre les avenues Marie-Thérèse et Monterey. »

Le jardin, un catalyseur de sensations…

De l’annonce publicitaire à la somptueuse illustration botanique, les premiers pas dans l’exposition mènent à la découverte de dessins et de textes illustrant une multitude de jardins historiques ou fictifs, et nous entraînent dans l’univers de l’horticulture, du parc au jardin scolaire, du potager au jardin de couvent.

C’est au botaniste luxembourgeois François Auguste Tinant que nous devons la première Flore de notre pays. Son ouvrage La Flore luxembourgeoise ou description des plantes phanérogames, recueillies et observées dans le Grand-Duché de Luxembourg, classées d’après le système sexuel de Linnée, fut son œuvre principale, et parut en 1836 chez J.P. Kuborn. Le catalogue manuscrit de Tinant se découvre sous nos yeux, outre son herbier qui était sans doute l’autre pilier de ce répertoire exhaustif de la végétation luxembourgeoise de son époque et fruit de douze ans de travail de terrain. Citons aussi les illustrations de Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), considéré comme l’un des plus grands portraitistes de fleurs.

Pas de plantes en pot ou de clichés idylliques au fil du parcours, mais une tonnelle qui abrite partitions et chansons autour de la rose, qui occupe une place singulière dans l’histoire de la musique luxembourgeoise, lié à son importance économique au XIXe siècle. « Mélodies florales ou jardin d’Eden », les sons de la nature- le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, l’ondoiement des tiges dans le vent … l’ouïe est constamment sollicitée dans le jardin, catalyseur de sensations. Écoutons donc quelques mélodies de Lou Koster (1889-1973) ou laissons-nous bercer par de charmantes esquisses musicales. Lieu de repos, le jardin est aussi propice à la lecture et cadre privilégié pour les peintres impressionnistes qui ont représenté des femmes en train de lire en plein air….

 « Il faut cultiver son jardin » ou se mettre à exercer ses talents, l’injonction voltairienne résonne aux oreilles des visiteurs qui découvrent la profusion de documents. Vu Gäert a Bicher : Des jardins et des livres ou Des jardins dans les livres est un parcours conçu dans l’esprit  « Nous avons noué l’ensemble des documents collectés en un bouquet multicolore d’images et de mots… ». Sans être une histoire culturelle des jardins au Luxembourg, l’exposition est résolument une invitation à une promenade bucolique.