Lata Gouveia : Toujours le même ?

04 jan. 2022
Lata Gouveia : Toujours le même ?

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Lata Gouveia revient sur le devant de la scène avec un nouvel album : Stay the same. Dix nouveaux titres pleins d’énergie, de positivité, de riffs de guitares accrocheurs. Un album produit par Charles Stoltz avec toujours Jeff Herr à la batterie, Daniela Kruger à la basse, Paul Porcelli à la guitare et de nombreux guests qui sortira le 21 janvier et sera présenté sur la scène de la Rockhal le 22. Rencontre avec l’auteur-compositeur-interprète à qui l’on doit déjà Radio Nights et Healed & Gone.

Stay the same est votre troisième album « luxembourgeois ». Pouvez-vous nous le présenter ?

Pour moi, Stay the same représente la maturité du groupe. On joue ensemble depuis dix ans, ce qui fait qu’on a pu le faire sans trucages. Tout a été enregistré ensemble, dans les conditions du live, chaque morceau du début à la fin. Il y a juste les voix qui ont été rajoutées par la suite. Quand on regarde Radio Nights, c’est un album de studio pour lequel chaque musicien est venu un jour différent pour jouer sa partie, mais déjà sur Healed & Gone on avait joué tous ensemble en studio. L’erreur a été que j’ai ensuite beaucoup trop nettoyé pendant le mixage. Cette fois-ci on a eu le résultat qu’on voulait.

Ça apporte quoi cet aspect live ?

Ça apporte le moment. On sent qu’il y a quelque chose qui se passe. Que c’est quelque chose qui est vraiment arrivé, pas un montage avec des éléments distincts. Là, on peut sentir l’humeur des musiciens, l’énergie du jour. Du coup quand on l’écoute on entend qu’on est là, tous ensemble, dans la même vibe.

© Lugdivine Unfer

© Lugdivine Unfer

« Une fenêtre vers le monde d’avant »

De quoi parlent ces dix nouvelles chansons ?

C’est l’album le plus léger que j’ai jamais fait au niveau des thématiques. Je venais de devenir papa, j’étais donc très heureux et ça se sent, je pense, dans ces morceaux. Les textes sont plus happy, plus épanouis et beaucoup moins critiques ou politiques que par le passé. Bon, c’était juste avant la pandémie aussi, du coup, quand je l’écoute maintenant je vois ça un peu comme une fenêtre vers le monde d’avant.

On sent effectivement une grande énergie, presque un besoin de se défouler. On pourrait justement penser que l’album a été écrit pendant le confinement.

J’aurais été super heureux de réagir de cette façon à la pandémie, au confinement et à tout ce qui a suivi. Mais non, ça date d’avant, ce n’est donc pas une réaction à tout ça.

Musicalement, vous venez d’un style très americana, folk, red dirt ; déjà dans Healed & Gone vous délaissiez les guitares acoustiques pour quelque chose de plus électrique. Cette tendance semble se poursuivre avec ce nouvel album, qui du coup est très pop et rock. Dans l’intro de Mirror Night, il y a des riffs de hard rock. Comment expliquer cette évolution ?

Encore une fois, c’est la confiance dans le groupe qui ne cesse d’augmenter qui fait ça. Au bout de dix ans, on a vraiment trouvé la complicité que j’ai toujours souhaité avoir tout au long de ma carrière. Je tenais vraiment à capturer ce moment de complicité entre nous et, plutôt que de montrer ce que je peux faire avec une guitare acoustique, qu’on entende ce qu’on peut faire avec trois musiciens fabuleux tels que Daniela, Jeff et Paul.

© Lugdivine Unfer

© Lugdivine Unfer

« Une certaine tension, une certaine fraîcheur »

Ce sont donc plutôt eux qui amènent ce côté pop-rock ?

Oui, c’est eux qui amènent l’énergie, mais aussi la crédibilité de l’exécution des idées. Ils sont parfaits pour ce style de musique.

Comment fonctionnez-vous alors ? D’un côté il s’agit de l’album de Lata Gouveia, il n’y a que ce nom là sur l’album, sur le concert ou sur toute la communication faite autour. Mais depuis le début de l’interview vous ne cessez de parler de « groupe ».

Disons que c’est un peu une dictature. C’est moi qui écris les morceaux et quand je les présente au groupe, j’ai normalement déjà une idée de vitesse, d’ambiance, etc. Avec eux, ça va très vite, ils comprennent rapidement ce que je veux et quand il jouent, ça sonne encore mieux que ce que j’avais pensé. Après, ça arrive qu’ils aient des avis sur les morceaux, sur la longueur d’une intro ou sur un rythme par exemple, et je suis ouvert à leurs opinions ; mais en général il n’y a pas trop de discussions. En ce qui concerne Stay the same, on a procédé de manière un peu différente dans le sens où, cette fois, on n’a pas joué les morceaux en concert avant d’aller en studio. Je voulais justement qu’ils ne les connaissent pas trop bien au moment de les enregistrer, que ce ne soit pas trop automatique mais qu’ils gardent une certaine tension, une certaine fraîcheur dans l’exécution. C’est aussi pour ça qu’on a travaillé avec le producteur Charles Stoltz dont j’admire le travail. Je lui ai dit que je ne voulais pas faire la même erreur qu’avec Healed & Gone et trop nettoyer le mixage et lui ai donc laissé la responsabilité de nous dire quand c’était bon et qu’il fallait passer à autre chose.

© Lugdivine Unfer

© Lugdivine Unfer

« Le rock des années 80, c’est la musique de mon adolescence »

Et d’où vient le côté eighties de l’album, d’eux ou de vous ?

Plutôt de moi. C’est quelque chose que j’avais discuté avec Charles aussi. Ça aussi c’est nouveau par rapport à mes précédents albums ; d’habitude quand je veux faire un album je pioche parmi les différentes chansons que j’ai écrites et qui sont toujours dans mon tiroir. Cette fois-ci j’ai décidé d’écrire exprès les chansons pour l’album. En les écrivant, pour m’inspirer, tester des trucs, etc., j’ai travaillé avec quelques samples et des idées de morceaux que j’aimais bien des années 80 : Tom Petty, J.J. Cale, Bruce Springsteen… le premier morceau de l’album est assez clair là-dessus.

Et d’où vient cette envie eighties ?

C’est ma musique. Le rock des années 80, c’est la musique de mon adolescence. Une fois j’ai entendu une interview de J.J. Cale où il disait que la musique qu’on écoute à 15 ans est une musique qu’on va toujours aimer. Moi, à 15 ans, j’écoutais du rock des années 80.

Parlons de ce titre, Stay the same. Qu’est-ce que ça veut dire pour vous ? Y a-t-il un lien avec la devise nationale luxembourgeoise : « Mir wëlle bleiwe wat mir sinn » ?

(Il rit) … Je n’avais pas fait cette connexion. Bien vu ! En fait, au début ce n’était que le titre du morceau. Ça parle de cette vie urbaine où on essaye toujours de changer et de s’améliorer. On veut faire du yoga, maigrir, faire attention à sa santé… mais finalement ça ne marche jamais. On ne fait pas de yoga, on ne perd pas de poids et on continue à manger les mêmes trucs pas bons. Après, pendant la pandémie, quand il a fallu choisir un titre pour l’album, le Covid a joué un rôle dans le choix. Depuis la pandémie, on a l’impression que tout le monde veut retourner à la normalité, que tout ça s’arrête et qu’on retrouve nos vies d’avant. Du coup, on s’est dit que Stay the same, c’était pas mal.

Que reste-t-il du singer-songwriter folk que vous étiez à vos débuts ?

Je crois qu’il est toujours là. Je pourrais d’ailleurs jouer tous les morceaux de l’album à la guitare acoustique. Et je suis sûr qu’à l’avenir, j’aurai d’autres disques qui seront plus acoustiques et plus centrés sur moi.

L’album sortira le vendredi 21 janvier, en version digitale seulement, et sera présenté sur scène le lendemain avec un concert à la Rockhal. Qu’avez-vous prévu ?

Au départ on avait prévu de fêter en même temps les 10 ans du groupe et le lancement de l’album, mais finalement on a eu tellement de reports pour ce concert que ça ne faisait plus trop sens. Du coup, on fait juste le lancement de l’album, ce qui est déjà très bien. J’ai invité une très bonne copine, Priscila Da Costa, et son groupe Ptolemea, qui jouera pour la première fois à cette occasion son nouveau single Wrong Tears. C’est un très bon groupe, avec Remo Cavallini et Christophe Reitz qui sont des amis, mais surtout de très bons musiciens. Après, nous, on jouera tous les morceaux de l’album avec quelques invités qui se joindront à nous.

Plus d’informations :

https://www.latagouveia.com 

https://rockhal.lu/shows/lata-gouveia/