Le Reis/Demuth/Wiltgen trio passe la quatrième

17 fév. 2021
Le Reis/Demuth/Wiltgen trio passe la quatrième

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Le Reis/Demuth/Wiltgen trio revient sur le devant de la scène avec un quatrième album (Sly) et une release-party prévue dans le cadre du festival Echter’Jazz, le samedi 27 février.

Fondé en 1998 par les alors très jeunes Michel Reis, Marc Demuth et Paul Wiltgen, le trio Reis/Demuth/Wiltgen est actif au niveau professionnel depuis 2011. En dix ans, le pianiste, le contrebassiste et le batteur ont sorti trois albums ensemble : Reis/Demuth/Wiltgen sorti en 2013 chez Laborie Jazz, Places in Between proposé en 2015 par Double Moon Records et Once in a Blue Moon présenté par le label Cam Jazz en 2018. Sly, leur quatrième opus était initialement prévu pour le printemps 2020. Le coronavirus en a décidé autrement. Dans l’impossibilité de le faire découvrir sur scène et de tourner avec, ce quatrième album sera présenté finalement le 26 février prochain, la veille de sa release-party officielle qui se tiendra au Trifolion d’Echternach.

La galette propose treize nouveaux morceaux pour un total de 55 minutes de musique. Des pièces courtes donc – Home is Nearby, la dernière et plus courte, ne dure que 2 minutes et 57 secondes – composées chacune par l’un des trois membres du band et arrangées ensuite en commun. Ce qui donne un son commun et en même temps des compositions très différentes.

Une réalité qui se remarque dès les deux premiers extraits du nouvel album : Viral et Diary of an Unfettered Mind. Les deux extraits passent de l’ombre à la lumière, d’une ambiance pesante à une plus aérienne, d’un son rugueux à quelque chose de plus rond, d’un aspect très free, expérimental et minimaliste à quelque chose de plus harmonieux, fluide et dansant.

Pochette de l'album © Alyssa Kam-Cheong

Un album varié, riche, surprenant… tout en restant dans la lignée que le trio s’est fixée depuis ses débuts. « Il y a plein de groupes de jazz actuels qui utilisent des outils électroniques, des loops, des effets et tout ça, mais pas nous. On reste avec cette constellation classique du trio piano-contrebasse-batterie acoustique » explique le batteur, Paul Wiltgen. Un choix qui n’empêche pas le trio d’utiliser une écriture moderne. « Un peu rock, un peu expérimental. Un peu new age aussi » reconnaît le contrebassiste, Marc Demuth. Au point que les membres du trio s’interrogent ouvertement sur l’étiquette jazz qu’on leur a collé. « Est-ce que on est influencé par le jazz ? Oui. Est-ce qu’on aime le jazz ? Oui. Est-ce que notre musique c’est du jazz ? Pour certains, oui, mais pour d’autres, non ». Ce à quoi le pianiste, Michel Reis, ajoute : « Pour nous, les catégories, ce n’est pas important, c’est notre musique, un point c’est tout ».

Un succès planétaire

Une musique qui plait en tout cas. Dès leur premier album, le trio a fait de nombreuses tournées à travers l’Europe, l’Amérique du Nord, l’Amérique latine, l’Asie – le Japon surtout où le groupe s’est déjà rendu à 5 reprises – auxquelles s’ajoutent de grands festivals internationaux. Leur deuxième album a d’ailleurs été enregistré à New York et depuis Once in a Blue Moon, le trio travaille avec le prestigieux label italien Cam Jazz. Pas étonnant de retrouver à deux reprises, en 2013 et 2018, Reis/Demuth/Wiltgen au palmarès des « Export Artists of the Year » de Music:LX.

Sevrés de concerts et de tournées depuis de longs mois à cause de la pandémie – ce qui fait que les nouveaux morceaux restent « frais » dans la tête des musiciens, même si l’enregistrement date du mois de mai 2019 –, le trio remontera sur scène le samedi 27 février, dans le cadre du nouveau festival Echter’Jazz Festival. Du vendredi 26 au dimanche 28 février, cette manifestation réunira dans la cité abbatiale des stars nationales et internationales du jazz à travers trois soirées thématiques : bigband, trios & women in Jazz. Le trio Reis/Demuth/Wiltgen devait partager la soirée de samedi avec l’Enrico Pieranunzi Italian Trio, mais la venue de ce dernier a dû être annulée. Il sera remplacé par le Yonathan Avishai Trio.

L’Echter’Jazz Festival, en live et en streaming

La soirée sera ouverte au public, tout comme les différents concerts du vendredi (avec le Thierry Maillard Bigband & Special Guest David Linx et le Bigband Musique Militaire) et du dimanche (avec Lisa Simone et le Claire Parsons & Eran Har Even Duo), avec une capacité maximum de 100 spectateurs en salle. Les performances seront également proposées en live streaming payant sur Vimeo. « On est tributaires de la situation sanitaire actuelle » reconnaît le directeur des lieux, Maxime Bender, par ailleurs saxophoniste de jazz. Il poursuit : « C’est excitant de chercher des solutions. Nous avons fait le choix du live-streaming – c’est à dire que la vidéo ne sera disponible qu’en direct, le soir même, et accessible avec un ticket d’entrée. Je pense qu’on est parmi les premiers au Luxembourg à proposer ça de manière payante. On verra quels sont les retours du public ».

© Marlene Soares

Ainsi, les mélomanes pourront choisir entre un ticket à 35 euros (20 en tarif réduit) pour assister au concert en salle sur place et 7,50 euros pour assister au même concert depuis chez lui. « On ne voulait pas demander le même prix, car ce n’est clairement pas pareil, on n’est pas dans la salle, on ne sent pas l’ambiance de la même manière, mais on ne voulait pas non plus que ce soit gratuit. La culture a un coût, le spectateur doit bien comprendre qu’il faut payer pour cela. Nous aurons 4 caméras et 8 ou 9 personnes rien que pour le live streaming » précise Maxime Bender.

Et pour les musiciens, ça change quelque chose ? « L’an dernier, on a joué un concert Phil Live Doheem diffusé en streaming. Il n’y avait personne dans la salle de la Philharmonie. Le silence absolu et l’absence d’applaudissements, c’était vraiment bizarre. Mais au Trifolion, il y aura quand-même du public avec nous. Ça change tout. Du coup, comme il y a des gens en salle, le streaming ne fait plus une grande différence pour nous. » expliquent-ils. Et le trio de conclure : « Mais c’est chouette qu’on puisse nous regarder en live de n’importe où dans le monde ».

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