3 questions à Ainhoa Achutegui du neimënster

01 juil. 2020
3 questions à Ainhoa Achutegui du neimënster

Auteur: Ministère de la Culture

„Le public est demandeur, les artistes le sont aussi. C’était à nous de les réunir de nouveau!“

Le Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster (neimënster) lance sa saison estivale „Bock op….méi intim“ avec une série de concerts indé, baroques et jazz sur le parvis de l’Abbaye pour permettre de respecter la distanciation physique. Sur le programme figurent aussi des expositions, des résidences estivales et des rencontres avec le public. La directrice Ainhoa Achutegui parle des défis de programmation post-confinement.

Beaucoup d'événements et concerts ont déjà été annulés pour cet été. Quand est-ce que vous avez décidé que vous pourriez établir un programme pendant l'été? Quel rôle ce programme joue-t-il pour la scène culturelle du pays à la sortie de la crise?

Pendant le confinement, nous avons pris la décision d’avancer le début de la saison de neimënster au mois d’août avec une programmation estivale spéciale qui respecte les dispositions gouvernementales interdisant les grandes manifestations culturelles jusqu’au 31 juillet 2020. Un travail conséquent puisqu’il a fallu reporter des spectacles, changer des dates, adapter les infrastructures d’accueil du public, reporter encore, rechanger, re-reporter...
Dès lors qu’il devenait évident que les mesures sanitaires pourraient être assouplies à partir du 1er juillet - voire même du 1er juin - l’équipe a imaginé une belle programmation qui tirait profit de nos magnifiques atouts: le rocher du Bock et le parvis.

Le public avait dû renoncer trop longtemps à des spectacles vivants, il fallait remédier à cela! Non seulement parce qu’il s’agit de notre principale mission, mais aussi parce que nous sommes conscient.e.s qu’il n’est pas évident pour toutes les institutions de proposer une programmation culturelle tout au long de l’été. Et puisque nous étions en mesure de le faire, je l’ai considéré comme étant de notre devoir. Le public est demandeur; les artistes le sont aussi. C’était à nous de les réunir de nouveau!

Comment la crise a-t-elle influencé la planification et le choix des artistes pour ce programme? Quels sont les grands axes du programme?

De nombreux artistes se sont retrouvé.e.s privé.e.s de tournées du jour au lendemain et sont resté.e.s confiné.e.s au Luxembourg. Pour faire face aux restrictions liées à la lutte contre la propagation du Covid-19 et qui empêchent la libre circulation des artistes venant de l’étranger, nous avons mis sur pied une programmation aux couleurs locales. Celle-ci va compléter les grands axes que représentent nos expositions. Il y a bien évidemment celles qui étaient disponibles et que nous avons prolongées pour permettre au public de les découvrir, et une autre qui a été conçue spécialement à l’occasion.
En outre, nous avons reprogrammée tous les concerts de jazz qui avaient été reportés. Enfin, deux nouvelles propositions ont vu le jour pour tirer profit de notre site extraordinaire: Lëtz’ Play, une programmation consacrée aux artistes luxembourgeois.es. indépendant.e.s, et  Sunset Strings, un cycle de concerts dédié à la musique baroque.

Quel rôle joue l'innovation dans le futur pour votre façon de travailler et planifier le programme?

En ce qui concerne l’influence directe de la digitalisation actuelle de la société sur notre travail, rien ne changera dans l’immédiat puisque nous travaillions déjà beaucoup avec ces outils. Par contre, ce qui va évoluer - à très court terme si je m’en tiens à l’évolution actuelle du changement des habitudes post-pandémie – c’est tout ce qui concerne la mobilité des artistes. On le constate au quotidien: ces artistes ne souhaitent plus se déplacer et perdre leur temps dans des réunions qui auraient pu être réalisées par visioconférence. Ainsi, le residency hoping des artistes avec pour seule finalité de trouver des moyens pour financer leurs travaux de recherche et leurs créations devrait se rarifier et les financements seront débloqués autrement. On peut aussi imaginer que les résidences seront plus longues et établies plus durablement à un endroit. Cette évolution sera très positive pour les artistes et leur vie privée. Sans compter sur l’impact qu’elle pourrait avoir sur la lutte contre le réchauffement climatique, par exemple. La pandémie sanitaire est omniprésente dans les médias, mais la crise environnementale est toujours d’actualité bien qu’elle ne fasse plus les gros titres dans les journaux.