Lumière sur les profils culturels: La médiation culturelle dans les musées

10 aoû. 2020
Lumière sur les profils culturels: La médiation culturelle dans les musées

Auteur: Ministère de la Culture

Visites guidées, ateliers, conférences… la médiation culturelle dans les musées est très variée et favorise la rencontre entre le public et l'art. Nathalie Becker, médiatrice culturelle passionnée de longue date, parle du quotidien de son métier et de son parcours. Notre série sur les profils culturels présente régulièrement des portraits d'acteurs de différents métiers de la scène culturelle luxembourgeoise.

Pour Nathalie Becker, chaque visite guidée au musée est un peu comme une représentation sur une scène de théâtre: les projecteurs s'allument, elle sort sur la scène et commence à divertir son public. "Il faut avoir un sens de la mise en scène de l'art pour être un bon médiateur culturel. C'est un métier passionnant qui s'apprend sur le terrain", explique-t-elle.

Avec ce type de divertissement, la médiatrice culturelle a de nombreuses années d'expérience. Née en Lorraine, Nathalie Becker a étudié histoire de l'art à l'Université de Bourgogne à Dijon. Elle a fait sa première visite guidée en tant qu'étudiante en 1992 lors d'une exposition sur le graveur Jacques Callot au Musée Historique Lorrain à Nancy. Après l'université, elle a trouvé un emploi de médiatrice culturelle au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Cependant, lorsqu'elle a été affectée à une autre fonction plus administrative, elle ne s'est plus sentie à l'aise. Pour Nathalie Becker un contact direct avec le public est primordial.

Les qualités d'un bon médiateur culturel

Selon elle, il y a quelques qualités nécessaires pour être un bon médiateur: Une facilité à l'orale, de la patience, être ouvert et surtout être enthousiaste. "Parfois on me reproche d'être trop enthouisaste, mais il faut que ça soit dynamique", dit-elle en riant.

C'est cet enthousiasme qui a guidé Nathalie Becker sur tout son chemin. Elle n'a pas planifié minutieusement toutes les étapes de sa carrière, mais restait toujours ouverte aux opportunités qui se présentaient. Elle s'est toujours sentie liée à la Grande Région et au Luxembourg et lorsqu'en 2002, le Musée national d'histoire et d'art a rouvert ses portes après une vaste modernisation, Nathalie Becker a profité de la belle occasion avec un zèle redoublé. Depuis lors, elle travaille en tant que médiatrice culturelle indépendante au MNHA et dans d'autres musées comme la Villa Vauban.

Á l'époque, il n'y avait pas beaucoup d'employés dans le service de la médiation culturelle. Après que le Luxembourg a été Capitale européenne de la culture en 2007, la scène culturelle du pays a pris son essor et il y avait aussi de plus en plus d'activités dans le domaine de la médiation culturelle.

Pas de questions sans réponses

Chaque exposition apporte avec elle un nouveau champ de connaissances qu'il faut d'abord approfondir. Les conservateurs prèsentent toujours une visite-modèle comme orientation, mais Nathalie Becker fait encore beaucoup de recherches personelles. "Les gens ne peuvent pas imaginer le temps et les efforts qu'on investit dans la préparation d'une visite guidée. Les connaissances doivent sans cesse être mises à jour et il faut bien maîtriser le sujet pour faire passer le message." Un médiateur ne sait pas à l'avance qui participe aux visites guidées et s'il tombe sur une personne très exigeante ou curieuse, il doit être préparé à toutes les eventualités. "Je n'aime pas être face à des questions, auxquelles je ne sais pas répondre", confie-t-elle. Aussi pour le format "Renc'Art", des visites guidées de 15-20 minutes devant une seule œuvre, on doit être très condensé, ce qui nécessite beaucoup de préparations.

Il n'y a pas deux jours identiques et la semaine de travail typique n'existe pas vraiment. Il se peut que la médiatrice a d'abord une visite guidée en archéologie et une heure plus tard en beaux-arts. "On ne se limite pas à une spécialisation. Il faut s'intéresser à tout et avoir une bonne culture globale. C'est aussi personnellement enrichissant de travailler sur un champs culturel vaste et de toujours découvrir de nouvelles choses."

Nathalie Becker aime rappeler l'une ou l'autre anecdote de sa longue carrière: En 1995, elle avait guidé un petit groupe à travers une exposition au Musée des Beaux-Arts de Dijon. Soudain, elle avait remarqué qu'elle avait perdu l'attention du groupe et tout le monde autour d'elle s'avait mis à chuchoter. En se retournant, elle a trouvé le fauteur de troubles: le Président François Mitterand, qui venait pour une visite personnelle au musée. Lors de la visite inopinée du chef de l'État, c'était plus difficile d'attirer à nouveau l'attention des visiteurs. Sinon, la médiatrice culturelle a une bonne sensibilité pour les besoins de son public. "Il faut éveiller la curiosité du public avec de petites anecdotes amusantes et en s'adaptant à leurs intérêts. J'ai une voix qui porte et j'accueille le public en souriant. Cette présence est importante. Le musée est ma scène."

Face à l'inconnu

Malgré tout cet optimisme, la crise récente l'a également effrayée. En tant que free-lance, sans activité, elle se retrouve rapidement dans une situation précaire. Au cours des 20 ans de sa carrière au Luxembourg, elle s'est souvent demandée, pourquoi il n'y a pas plus de postes fixes en médiation culturelle dans les musées. Avec le confinement imposé, l'équipe des médiateurs s'est trouvé du jour au lendemain privée d'activités aux musée. Le musée s'est ainsi efforcé de proposer ensemble avec les médiateurs une programmation alternative sur leurs canaux digitaux. Les visiteurs virtuels semblent aimer tout particulièrement la série "coups de coeur", dont Nathalie Becker fait partie pour présenter chaque semaine sur Facebook de petites vidéos explicatives sur des œuvres de la collection permanente. "Le format virtuel est loin d'un vrai contact en chair et en os, mais j'étais ouverte au défi." Ainsi avec l'aide de son fils adolescent, elle filme des vidéos depuis sa cuisine. Sa vidéo sur le tableau "Bacchus et un disciple" de Jacob Joerdans a engendré plus de 1300 vues sur Facebook. "Certes une vidéo n'offre pas le même contact avec le public, mais j'espère que ça donne aussi envie à une visite au musée."

Bien que les musées proposent à nouveau des visites guidées et d'autres activités, les visiteurs semblent encore très réticents à s'y inscrire. Mais Nathalie Becker est impatiente de partager à nouveau régulièrement sa passion pour l'art avec son public.
 

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