Authentica entre histoire, mythes et légendes

17 juin. 2022
Authentica entre histoire, mythes et légendes

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Multiinstrumentiste, compositrice, chanteuse… Martina Menichetti est une artiste multifacette. Luxembourgeoise d’origines italiennes ayant fait ses études musicales aux Pays-Bas, à Vienne et en Allemagne, elle lance son nouveau projet musical, Authentica. Un projet qui lui ressemble, entre histoire, mythes et légendes d’ici et musiques folkloriques d’ailleurs, avec une grande inspiration celtique. Rencontre.

Authentica propose un mélange de folk, de world et de musique celtique. Comment est né ce projet ?

Martina Menichetti : J’ai ce projet en tête depuis longtemps. Je suis une musicienne élevée dans un univers classique, mais j’ai aussi joué de la musique folk, celtique, pop et jazz. C’est, au moins, depuis que je suis adolescente que je veux avoir mon groupe de musique celtique-folk. Après avoir eu d’autres expériences dans d’autres domaines professionnels des arts de la scène ou du spectacle vivant, il y a trois ans je me suis dit que le moment était arrivé pour me lancer. Authentica a pour but de célébrer la beauté de ces différents genres de musique, mais aussi des chansons grand-ducales et des récits traditionnel luxembourgeois. Autant de matières premières que j’aime mélanger, rendre dansantes et remettre au goût du jour. Je veux faire circuler ces musiques luxembourgeoises, datant parfois du moyen-âge, mais aussi montrer toutes les choses qu’elles ont en commun avec d’autres musiques que j’aime ; que ce soit d’autres musiques folk européennes, du Moyen-Orient ou encore d’Amérique latine.

Que sens avez-vous voulu donner au nom du groupe ?

Le nom est une invitation à s’interroger sur ce qui est ou non authentique dans nos vies. D’un autre côté c’est une manière de rendre hommage à ces mélodies qui viennent du passé, qui ont survécu, parfois pendant des siècles, et qui sont un témoignage authentique de notre passé, tout en sachant que des gens ont continué à jouer ou chanter cette mélodie pour nous la transmettre. Troisième idée, le mot authentique est un mot présent dans beaucoup de langues avec très peu de différence et qui est donc compréhensible de manière aisée et instantanée par beaucoup de monde. C’est, pour moi, un symbole de connexion entre différentes cultures.

© Lynn Theisen

« Un symbole de connexion entre différentes cultures »

D’où vous vient cette envie de folk ? Un terme qui, d’ailleurs chez vous, se veut dans son sens premier, c’est à dire folklorique, traditionnel, populaire.

C’est vrai. Pour moi le folk englobe toutes les musiques traditionnelles qui ont une connexion avec le pays, voire la région, d’où elles proviennent. C’est une pratique musicale très vivante, pas nécessairement écrite qui s’est bien souvent transmise de manière orale et dont on ne connaît pas toujours le compositeur ou l’origine exacte. Et j’aime ça.

Quelles sont les spécificités de la musique folklorique luxembourgeoise ?

Il y a des chansons qui sont encore chantées aujourd’hui et qui ont 150 ans, voire qui nous proviennent du moyen-âge. Ces musiques ont souvent de similitudes avec des morceaux folkloriques allemands ou français, certaines sont musicales et normalement dansantes, d’autres ont un texte ; dans ce cas-là, la langue est restée celle de l’époque. Je trouve ça fascinant.

Qu’est-ce qui rend ces morceaux intéressants à jouer aujourd’hui ?

Ce qui m’intéresse c’est de leur redonner une vie, de continuer la transmission de ce répertoire qui a parfois débuté il y a plusieurs siècles. Et puis, ce sont de belles chansons ! Et elles sont courtes, c’est donc très intéressant de les développer, de les enrichir avec d’autres influences.

« Je me suis inspirée des mythes et légendes luxembourgeois »

Authentica a donné son premier concert le 28 mai dernier au Culture Forest Festival. Quel a été le retour du public ?

Ça a été très bien reçu. Chacun entend un peu cela avec son propre background personnelle. Quelqu’un qui s’intéresse plus à la musique folklorique retrouvera le folklorique, quelqu’un plus intéressé par la musique celtique entendra du celtique et chacun retrouvera des influences différentes. Et puis, c’est quelque chose d’assez intemporel, des rythmes très festifs, dansants, pleins d’émotion. Peu importe de quand date chaque morceau, c’est quelque chose de très entraînant.

Et de quoi parlent les textes que vous reprenez ? Et comment modernisez-vous ces écritures anciennes ?

Tout d’abord je tiens à préciser que nous composons et écrivons des chansons d’Authentica, mais en ce qui concerne les chansons ancienne que nous reprenons ça dépend. Je vais prendre l’exemple de la chanson Wéi meng Mamm nach huet gesponnen, qui a été écrite par Michel Lentz sur une musique de son fils, Edmond Lentz. Elle est très connue par le public luxembourgeois. Elle parle, par la métaphore du rouet, de la nostalgie de l’enfance, des moments heureux passés avec sa mère, etc. tout en symbolisant le temps qui passe et l’industrialisation. Elle est donc à la fois locale et universelle, à la fois marquée par le temps et éternelle.

Et quid des nouvelles compositions ?

Pour cette phase initiale, je me suis inspirée des mythes et légendes luxembourgeois. Il y en a plein. Mélusina, bien sûr qui reprend le mythe de la fondation de la ville de Luxembourg, mais aussi plein d’autres. J’ai, par exemple, composé une chanson sur la légende de Griselinde, cette dame enfermée dans une forteresse du Mullerthal (NDLR : le château de Heringen). On dit qu’elle avait une voix sublime et qu’elle transformait en pierre toutes les personnes qui restaient indifférents à son chant. J’ai écrit une chanson là-dessus en me disant qu’elle voulait certainement quitter sa forteresse, j’aime imaginer comment pouvait être sa voix et quelles pouvaient être les mélodies qu’elle chantait.

© Lynn Theisen

« La musique celtique fait partie de mon ADN artistique »

En quelle langue s’exprime Authentica ?

La langue est effectivement un élément important du projet. Les anciennes chansons luxembourgeoises, je les chante en luxembourgeois, mais mes compositions sont principalement en anglais. J’aime la musicalité de la langue anglaise. Après, selon les morceaux il y aura aussi des langues celtiques : du gaélique irlandais, du gaélique écossais, du breton et puis aussi de l’italien, de l’espagnol, du néerlandais.

D’où vous vient cette passion pour la musique et la culture celtique ?

J’ai toujours eu cette connexion avec cette musique. C’est difficile à expliquer, ça fait partie de mon ADN artistique. J’ai d’ailleurs eu la chance de jouer, au Zeltik, avec de grands artistes qui m’ont beaucoup influencée comme Carlos Núñez ou Dan Ar Braz. D’ailleurs, on va jouer au Zeltik le 19 juin.

Authentica a l’air d’être un projet très personnel. Du coup, comment s’est formé le groupe autour de vous ?

J’ai cherché des musiciens qui s’identifiaient là-dedans et qui se retrouvaient dans l’esprit du projet. Je voulais aussi qu’ils aient des backgrounds musicaux différents ; du coup le guitariste, Paulo Simões, est luxembourgeois-portugais, Eric Durrer, le percussionniste, est luxembourgeois spécialiste des musiques latino-américaines, le pianiste Juan Carlos Gonzales Garcia, est cubain, tandis que le bassiste, Cyril Yabroudi, est libanais. Chacun apporte ses influences et c’est ce qui apporte la grande variété de styles au groupe.

En dehors des membres du groupe et des spectateurs qui vous ont vu sur scène au Culture Forest Festival, personne ne connaît encore vos morceaux. Il n’y a encore rien d’enregistré. À quand un album, un EP ou au moins un single ?

Non, c’est vrai, il n’y a pas encore d’enregistrement d’Authentica. J’espère pouvoir faire ça à l’automne de cette année ; pas nécessairement un album, mais un EP ou l’un ou l’autre single, effectivement. En attendant, on devrait publier dans les prochaines semaines sur nos réseaux sociaux des extraits vidéos de nos prestations live.

Web site: https://www.authentica.lu/

Prochains concerts :
19/06 Zeltik Dudelange
23/06 Fête nationale, Esch-sur-Alzette, place de l’Hôtel de ville
25/06 Fräiraim Festival, Philharmonie Luxembourg

Authentica

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