DANIEL TARAZONA : QUAND LA MODE RENCONTRE L’UPCYCLING

27 avr. 2022
DANIEL TARAZONA : QUAND LA MODE RENCONTRE L’UPCYCLING

Article en Français
Auteur: Delali Amegah

Daniel Tarazona est un créateur de mode français d’origine vénézuélienne basé au Luxembourg. Arrivé il y a moins d’un an, il promeut la mode éthique et durable en partenariat avec Lët'z Refashion et d’autres créateurs et artistes basés au Luxembourg par le biais de l’évènementiel avec Aperinetwork.

Quand est-ce que votre parcours a-t-il commencé ?

J’ai commencé à Paris puis j’ai déménagé au Luxembourg l’année dernière. Avec mon associée Claire Flammang, j’ai créé un projet social écoresponsable avec pour valeurs le travail en équipe, la coopération et la synergie. Nous avons développé différents programmes et évènements sociaux tels qu’un défilé avec des vêtements recyclés pour donner l’opportunité à d’autres créateurs basés au Luxembourg de pouvoir montrer leurs créations. Tout cela a pu être réalisé avec le soutien de Lët'z Refashion, qui est une campagne en partenariat avec Caritas Luxembourg et le ministère de la Coopération, dont le but est de trouver des alternatives plus saines dans l’industrie de la mode.

Mon but est la réalisation de différents projets en lien avec une mode éthique et durable. Ce qui a commencé pour moi avec une marque de vêtements s’est très vite transformé en campagne de sensibilisation sur l’impact social que peut avoir la mode. Claire Flammang et moi trouvions que ce qui manquait cruellement dans notre industrie était l’unification, pas qu’au Luxembourg mais de manière globale, car ce milieu est très compétitif, mais nous voulons montrer qu’il est aussi possible de rencontrer des personnes pleines de bienveillance qui sont ouvertes à la collaboration et le partage des connaissances. Lët'z Refashion donne l’opportunité à tous les designers locaux de promouvoir leur travail sans frais et d’organiser également des ateliers couture avec des créateurs et des réfugiés. J’ai un jour par semaine dédié à ces ateliers que j’appelle « le vendredi upcycling ». Nous travaillons en binôme en ce qui concerne le design et la confection. Cette année avec Caritas International nous avons gagné le concours du meilleur projet d’innovation !

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© Delali Amegah

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Mes voyages ont toujours été une grande source d’inspiration. Voyager est devenu compliqué durant la pandémie mais avant cela, les expériences vécues à travers ceux-ci m’ont permis de visualiser différentes cultures.

Qu’est-ce qui vous rend unique comparé aux autres créateurs de mode ?

Je ne suis qu’un seul visage, la façon dont vous me voyez maintenant ne changera pas de quand vous me verrez dans la rue ou assis sur la terrasse d’un café. Je suis toujours très ouvert à des collaborations et à en apprendre davantage sur mon métier. Socrates disait « tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » et cela représente parfaitement mon état d’esprit et mon approche dans la vie. Chaque jour est un jour nouveau pour apprendre de soi et des autres, créer quelque chose de différent. Aujourd’hui, une personne est venue me voir en boutique pour me féliciter de mes créations dont elle est fan et qu’elle suit à partir de mes posts Instagram. Le fait d’avoir donné de la joie de vivre à cette dame me rend heureux et me pousse à poursuivre mes objectifs. Je ne suis pas un créateur qui souhaite juste vendre des pièces, quand bien même l’argent est évidemment nécessaire pour vivre, mais je souhaite également procurer un sentiment positif à mes clients, mes collaborateurs et les personnes qui me soutiennent.

Comment est-ce que votre amour de la mode a-t-il commencé ?

Je me considère comme étant une personne qui a toujours été très extravertie, avec une personnalité bien marquée. Depuis mon adolescence mes parents ont très vite compris que je serais différent de par la façon dont je m’habillais. Pour la petite histoire : ma famille avait un statut diplomatique au Venezuela et à cause de la dictature et la persécution politique je me suis retrouvé en France où j’ai reçu le statut de réfugié politique. J’ai été naturalise français il y a quelques années. C’est vraiment au Luxembourg que j’ai commencé à développer ma marque et les projets de sensibilisation par rapport à la mode, raison pour laquelle je voyage beaucoup à Paris parce que j’expose mes collections aux galeries Lafayette Haussmann dans la boutique de Roussotto Vintage, également dans la deuxième boutique à Voltaire dans le 11ème arrondissement.

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© Delali Amegah

Vous étiez basé en France pendant tant d’années, pourquoi le Luxembourg ?

Je suis parti initialement par amour mais j’avais aussi envie de vivre une nouvelle expérience. Mes parents m’avaient déjà dit beaucoup de bien du Luxembourg, et une fois arrive je suis tombé par hasard sur ce projet de sensibilisation à la mode éthique et durable. J’ai fait la rencontre de Sophie Garnier de Lët'z Refashion et à l’époque elle me parlait de l’ouverture de la boutique pop-up où nous nous trouvons maintenant. J’ai trouvé l’idée géniale et grâce à cette opportunité j’ai très vite décidé de déménager car j’avais à présent un nouvel espace pour exposer mes pièces, faire des ateliers couture.

J’ai fait mes études en France en décoration d’intérieur dans le Centre Européen de Formation à Paris. L’un des projets était de tapisser une chaise, et avec les morceaux de tissue qu’il me restait, j’ai décoré un espace de travail et c’est à partir de là que l’idée de mode éthique et durable a commencé pour moi. Ma première collection était principalement constituée de combinaisons et de salopettes et je faisais cela pendant que je travaillais en tant que décorateur. Un jour mon chef décorateur m’a demandé si je pouvais lui faire une douzaine de salopettes pour toute notre équipé et c’est comme cela que j’ai démarré. Par la suite, l’équipe de Roussotto Vintage m’a contacté car ils aimaient beaucoup mes créations. Ils m’ont proposé d’exposer mes pièces dans leur boutique, c’est là où j’ai démarré.

Est-ce que vous pourriez nous en dire plus sur vos collections ?

Ma première collection à Paris s’appelle « L’Univers après l’avant-garde » qui a été inspire d’un grand voyage que j’ai fait dans toute la Méditerranée, de l’Italie jusqu’en Espagne, j’ai également fait toute la côte d’Azur, un parcours très ensoleillé ! Ce sont les villes méditerranéennes qui m’ont inspiré pour chaque combinaison. Ma deuxième collection a été réalisée au Luxembourg, j’ai été inspiré par les tenues du Grand-Duc d’où la création des épaulettes ! Je suis arrivée au Luxembourg un peu avant son anniversaire et je trouvais ça symbolique. Ma troisième collection s’intitule « Walking in custom » et c’est une collaboration avec Claire Flammang.

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© Delali Amegah

La collaboration est au cœur de vos projets, travaillez-vous exclusivement avec d’autres créateurs ?

Non, loin de la ! J’ai travaillé avec le peintre Jacques Schneider par exemple, qui est très connu pour ses portraits du Grand-Duc. J’ai fait une collection de combinaisons sur lesquels il a peint, que vous pouvez retrouver dans sa boutique à la Cloche d’Or. Ensuite j’ai travaillé avec l’influenceuse Melody Funck, qui a porté l’une de mes créations lors de la Milan Fashion Week qui est une première pour le Luxembourg, j’étais très honoré de l’avoir habillé ! Les gens étaient agréablement surpris de voir une représentation luxembourgeoise. J’ai aussi fait une collaboration avec le restaurant Kay du Casino Luxembourg et les Galeries Lafayette Luxembourg pour leur premier défile avec des vêtements faits à partir de matériaux surcyclés.

Quels sont vos projets futurs ?

Avec Lët'z Refashion nous avons décidé de créer un défilé avec les élèves de théâtre du Lycée Aline Mayrisch le 11 juillet, accompagné d’un programme de développement personnel. Le but de ce projet est de faire connaitre aux élèves l’histoire de la mode mais également de leur donner des conseils pour avoir davantage confiance en soi. Les jeunes peuvent être victimes de harcèlement à cause des vêtements qu’ils portent ou/et se sentir mal dans leur peau parce qu’ils ne voient pas leur taille et leur forme représentées dans les médias et dans les défiles. On veut les amener à se sentir à l’aise avec eux-mêmes, avec leur personnalité et dans leur corps. Le physique est éphémère, ce qui compte c’est de nourrir régulièrement son esprit. Nous avons aussi pour projet la première émission de radio sur le thème de la mode au Luxembourg qui commencera le mois de mai !

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