André Dziezuk finaliste aux Camille Awards

04 fév. 2021
André Dziezuk finaliste aux Camille Awards

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

C’est ce mois-ci que l’European Film Composer and Songwriters Alliance va remettre ses Camille Awards pour les meilleures bandes originales de film. Parmi les nommés, le luxembourgeois André Dziezuk, remarqué pour la musique de la coproduction grand-ducale Tel Aviv on Fire (Samsa Film).

« Les Camille Awards, c’est un prix remis par des compositeurs pour des compositeurs ; un truc d’initiés », explique André Dziezuk. « C’est un honneur qu’ils aient choisi ma musique de Tel Aviv on Fire parmi les nommés » complète l’artiste luxembourgeois qui compte déjà une cinquantaine de bande originales de films, téléfilms et autres séries à son actif. Parmi ses créations, les musiques d’Illégal d’Olivier Masset-Depasse, de La Vie d’une autre de Sylvie Testud, d’Avant l’hiver de Philippe Claudel, d’Eng Nei Zäit de Christophe Wagner, de Colonia de Florian Gallenbergher ou encore d’Egon Schiele de Dieter Berner. Une riche filmographie qui lui a valu, en 2012, le Lëtzebuerger Filmpräis de la meilleure contribution artistique pour l’ensemble de ses films.

Pour la bande originale de Tel Aviv On Fire, le film de Sameh Zoabi, il a remporté le prix JAM de la meilleure musique au Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier… en 2018. Alors apprendre sa nomination pour les Camille Awards 2021, ça sent un peu le réchauffé, mais le compositeur prend cela comme la cerise sur le gâteau d’une déjà très belle histoire : « Cette année dans le jury il y a David Arnold et Patrick Doyle, c’est le gratin ! » souligne-t-il -.

Une déjà très belle histoire

« Ce film, je ne devais pas le faire. Enfin, je devais le faire et je n’aurais pas dû le faire », se souvient-il.  « Bernard Michaud (NDLR : le producteur de Samsa Film) m’a appelé au tout début du projet et m’a dit, “on produit un film atypique, on voudrait savoir si tu souhaites composer la musique”. Il m’a envoyé le scénario et je l’ai trouvé fabuleux. Le problème étant que j’avais non seulement déjà pas mal de travail, mais surtout des soucis de santé et que je n’étais vraiment pas bien à ce moment-là. La mort dans l’âme, j’ai donc dit non. Bernard décide de me rappeler une fois le film tourné. Mais ça n’allait pas beaucoup mieux. J’ai donc redit non, mais avec la sensation de passer à côté de quelque chose. Là, je reçois un coup de fil de TS productions (NDLR : le producteur français du film) qui me dit : “regarde le montage, sans musique, et tu me donnes ton avis ; si tu ne peux pas le faire, pas de problème”… (il rit) … Le piège s’était refermé. J’ai trouvé le film formidable, d’une grande simplicité, d’une grande honnêteté, avec beaucoup d’humour, de l’absurde et du burlesque, mais j’ai surtout fait la connaissance d’un réalisateur formidable et d’un scénariste incroyable. Finalement même fatigué, c’était évident que je devais le faire. Pour le film et pour les gens » se rappelle-t-il avec plaisir.

Après, « c’est passé comme une crème, alors que je m’en faisais toute une montagne. Il m’a fallu enregistrer trois musiciens : un violon, un accordéon et une guitare, c’est tout. Le reste je l’ai fait moi-même. En un mois et demi c’était plié ! ». En tout, ce sont quelques quarante minutes de musique que composera le natif de Thionville pour ce film dont le récit se déroule entre Israël et Palestine.

Tel Aviv on Fire, Samsa Film - TS Productions - Lama Films - Artémis © Patricia Peribañez 

La reconnaissance de la profession

Quarante minutes qui semblent avoir tapé dans l’oreille des membres de l’European Film Composer and Songwriters Alliance. Cette guilde européenne regroupe plus de 30’000 compositeurs en provenance de 61 organisations de 27 pays différents (dont la FLAC (Fédération luxembourgeoise des auteurs et compositeurs). Elle décerne, depuis 2014, les European Film Composer Awards, surnommés Camille Awards en hommage au compositeur français Camille Saint-Saëns.

Cette année, seulement quatre « Camille » seront remis : un prix spécial pour la carrière – décerné l’an dernier à Ennio Morricone –, un prix pour la meilleure bande originale pour une série, un pour la meilleure bande originale orchestrale et un dernier pour la meilleure bande originale electro-acoustique, « c’est à dire que la bande originale n’est pas entièrement réalisés par des musiciens live, mais qu’il y a un mélange d’instruments acoustiques et de créations électro» souligne André Dziezuk, sélectionné dans cette dernière catégorie.

Pour lui, « faire partie d’une telle short-list, c’est bien évidemment intéressant. Ça veut dire que, au niveau international, d’autres compositeurs ont entendu ton travail et qu’ils le trouvent suffisamment intéressant pour figurer parmi les finalistes. C’est chouette la reconnaissance de la profession ».

Sur son site, l’European Film Composer and Songwriters Alliance annonce que, « en raison du COVID-19 (elle) a décidé de tenir la cérémonie de remise des prix numériquement au mois de février », mais sans préciser la date. Quoi qu’il en soit, et malgré une santé fragile, « professionnellement je n’ai jamais pris autant de plaisir de ma vie ! » assure le compositeur. Les abonnés Netflix ont d’ailleurs pu découvrir récemment sa musique dans Balle perdue de Guillaume Pierret et les cinéphiles devraient pouvoir rapidement entendre ses créations récentes dans Les Témoins vivants de Karolina Markiewicz, Mission Ulja Funk de Barbara Kronenberg ou encore Icare de Carlo Vogele.

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