Fundamental Monodrama festival 2025

12 juin. 2025
Fundamental Monodrama festival 2025
Place au seul en scène !

Article en Français
Photo: Magaly Teixeira

Curieux et amateurs de théâtre seul.e en scène, n’oubliez pas ce rendez-vous « Fundamental » du 13 au 22 juin 2025 ! Pour sa quinzième édition, le Fundamental Monodrama festival (FMF) accueille quatorze spectacles, dont neuf créations sur la scène du BananneFabrik à Bonnevoie. Une programmation forte mettant à l’honneur des artistes issus de dix pays et trois continents.

Avant-goût de cet art théâtral et du programme de ces dix jours avec Steve Karier, président de Fundamental et directeur du festival.

Ankündigung Faust ©Benjamin Blaikner

Le seul.e en scène, une discipline exigeante

Si vous êtes férus de théâtre, que vous appréciez le brio des troupes d’acteurs, vous serez surpris. Au Monodrama Festival, les comédiens sont seuls sur scène. Pas de répliques. Pas de changement d’acteurs. Leurs seuls atouts pour captiver le public ? Talent et textes. C’est tout. Un exercice particulièrement difficile et intimiste où le.la comédien.ne se livre seul.e face à son public. « Au théâtre, cette discipline est totalement sous-estimée. On peut étudier le seul.e en scène mais pratiquer ces moments de solitude est très peu fréquent », explique Steve Karier. Acteur professionnel, formé à la célèbre École Supérieure d’État de Musique et d’Art Dramatique de Stuttgart, ayant joué à Cologne, Milan et Londres, le directeur du festival est un fervent défenseur de cette forme artistique. « Revenir à l’essence du théâtre, au moment où le comédien vit ce sentiment d’être seul face à son public. Nourrir le silence, sans ressentir la contrainte de meubler, profiter de cet espace. » Expert dans le domaine des performances solo, son propre seul en scène, présenté à Avignon en 1989, sera joué pendant plus de quatorze ans. « Lorsque j’ai créé l’association Fundamental en 2009, j’avais à l’esprit de lancer ce festival entièrement dédié au “seul en scène”. Mon idée originelle était simple. Revenir à une forme pure de l’art théâtral, aux racines artistiques. Aux fondamentaux ». Évidemment ! 

La première édition voit le jour en 2010 au Kulturhaus, Maison de la culture de Niederanven.

Mad World © Carlos Martinez Casanova

Un peu d’histoire

« Le monodrama puise ses origines au 19e siècle, un genre associant théâtre et musique avec la présence d’un seul artiste. » Il s’agissait alors de courtes pièces musicales chantées, dont la représentation se faisait dans des pièces de salon bourgeois, accompagnée d’un petit orchestre. Une sorte de mini opéra solo, proposant une variation aux concerts dominicaux ! Si le seul en scène connaît un développement important à partir des années 1970, il reste longtemps un art mineur. Pourtant, être seul en scène conjugue tous les talents du/de la comédien.ne pour tenir une heure sur scène sans filet, sans interaction. « Présence physique, générosité, souffle. La volonté de fournir l’effort jusqu’à l’intelligence et la capacité d’enchaîner le texte », précise Steve Karier. En résumé, le seul en scène incarne la discipline royale. « Les acteurs et les actrices qui sont capables de se produire lors de seul en scène, sont capables de tout jouer. » Une heure de vérité en quelque sorte.

La musique ? « S’il y en a, elle n’est qu’accessoire. » Elle vient agrémenter l’écriture et le spectacle en solo. Idem pour les arts figuratifs, la danse, le chant, la performance. Magaly Teixeira – enfant de la troisième génération d’immigrés portugais au Luxembourg –, utilise le fado pour agrémenter l’écriture de son spectacle Silencio, que vai-se cantar o Fado!. Telle une invitation à un voyage immersif aux plus proche de ses racines. 

Une programmation audacieuse tout horizon

La sélection des spectacles ? « Nous approchons nous-mêmes les artistes. Souvent, les artistes sélectionnés sont passés par le MonoLabo. » Il s’agit d’un format court de trente minutes, une sorte de laboratoire dédié à des esquisses d’œuvres en cours de création signées par de créatrices et créateurs émergents. Preuve, s’il en fallait, que la forme théâtrale du monodrama continue de séduire et d’inspirer. Une fois réalisés, ces spectacles issus du MonoLabo peuvent être retravaillés pour aboutir à une œuvre complète. C’est le cas de Valérie Bodson avec son spectacle Tu connais Dior ?. Un spectacle poignant qui donne voix à celles et ceux dont la rue est devenue refuge et combat. « Nous cherchons les outsiders, les artistes qui sont moins prisés, hors des réseaux », explique le directeur. Pour l’équipe du Fundamental, une véritable mission de dénicheurs d’artistes ressentant un besoin authentique de monter sur scène.

Je suis à prendre ou à laisser © Romaric Ibrahim

Un thème particulier pour ce festival ? Aucun. Puisque « les meilleurs notes d’intention sont celles écrites après la première », souligne Steve Karier qui ne souhaite pas imposer de limites à la création. Pourtant, le contenu, s’il n’est pas forcément autobiographique, se dégage de lui-même et prend une dimension politique. Dans le spectacle Je suis à prendre ou à laisser de Bérékia Yergeau avec Rebecca Kompaoré Tindindé, le personnage d’Angela espère devenir une star. Hélas, elle ne rentre pas dans les standards. Ségrégation, écologie, combat des femmes, intégration, pauvreté. Autant de thèmes d’actualité adressés de façon directe et frontale au public. Sans discussion, ni pondération. Rire, larmes, bouleversements. L’impact vis-à-vis du public n’en est que plus fort et brutal. Les effets émotionnels en deviennent éminemment plus puissants. Des moments de pure magie entre comédiens et publics. 

Pour sa quinzième édition, un seul lieu. La Banannefabrik située à Bonnevoie. Un lieu plus adapté, sans barrière, permettant une relation directe avec le public. « Un lieu qui respire la beauté du travail. » Tout un programme.

Loin du stand-up et de la comédie, le Fundamental Monodrama festival s’inscrit dans le paysage théâtral du Luxembourg comme rendez-vous incontournable. Structuré comme un mini festival d’Avignon, il offre non seulement la possibilité aux comédiennes et comédiens de se faire remarquer par des producteurs mais avant tout de se propulser hors d’eux-mêmes. Plus qu’une première, le festival permet un changement de perspective complète. « Morts de trac avant de monter sur scène, les artistes se réveillent le lendemain complètement transformés. » Métamorphosés et repérés ! Sur les quatorze spectacles présentés en 2024, sept ont été achetés. Un beau succès pour ce festival de grande valeur, dont la pérennité est déjà assurée. « Le festival est comme un petit ruisseau dans le désert. Si l’arrivée d’eau n’est plus, le projet s’éteindra. » Au-delà d’avoir une vision artistique pointue, Steve Karier serait-il aussi visionnaire ?

Pour en juger, rendez-vous du 13 au 22 juin.

Fundamental Monodrama festival, du 13 au 22 juin, informations et réservations : www.fundamental.lu

Auteurs

Geneviève du Parc Locmaria

Artistes

Steve Karier
Magaly Teixeira
Valérie Bodson
Bérékia Yergeau
Rebecca Kompaoré Tindindé
Banannefabrik

Institutions

Fundamental Monodrama Festival

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