15 juin. 2022SEED OF HOPE - « Claude Kongs TM »
Dans quelques jours aura lieu Les Nuits en Or 2022 à la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg. Un événement de trois soirées regroupant 34 des meilleurs court-métrages primés de par le monde, et parmi lesquels le film Seed of Hope du cinéaste d’animation Claude Kongs. Véritable surprise scénaristique et technique, le film du luxembourgeois n’est pas sans rappeler, dans une moindre mesure, le succès de Mr Hublot de Laurent Witz et Alexandre Espigares, situant à nouveau le cinéma d’animation luxembourgeois à la hauteur des industries internationales. Pourtant, face à ce prestige, le réalisateur Claude Kongs se montre assez discret, bien qu’il ne cache pas avoir vécu un rêve en vivant depuis la genèse de sa production en 2019 la magnifique aventure de son film. Luxembourgeois, originaire d’un petit village dans la campagne Grand-Ducale, Claude Kongs suit un parcours académique dans l’informatique, le multimédia en passant par les arts plastiques à Bruxelles, pour finir par être diplômé d’un BTS en dessin d'animation au Lycée des arts et métiers à Luxembourg, où il sera connu pour avoir été le premier étudiant à n’utiliser que des images de synthèse dans son film de fin d'études. Alors étudiant, il commence à travailler en tant qu’indépendant dans le monde de la 3D, pour finalement cocréer son studio d'animation 3D et web pour s’installer dans le domaine de la publicité avec succès. Par la suite, il change de domaine pour s’installer dans le domaine des effets visuels pour l’industrie du film avec son studio NAKOfx et collaborer sur de nombreux films tels que Möbius (2013), Hannah Arendt (2012), Sunset Song (2015), Egon Schiele (2016) Invisible Sue (2018), la série Bad Banks (2018) ou Superjhemp retörns (2018). Seed of Hope – produit par Antevita Films – vient de ces années d’expériences et d’accumulation de savoir-faire, mais aussi de cette furieuse envie qu’ont les artistes du numérique de construire d’autres mondes hors du champ de la réalité. Claude Kongs y confronte son imaginaire d’animateur tout en y incorporant un message fort, ceux qui tentent de provoquer cet électro-choc dont le monde a besoin pour le futur. Son personnage principal le lieutenant Schweiger, un astronaute sorti de son sommeil cryogénique livre sa position face au sort de l’humanité ou de l’individualité, et si c’est aussi premier degré que cela, en image c’est passionnant et tellement prenant. Le réalisateur nous explique…
En 2019, vous vous lancez dans la production de votre premier court-métrage d’animation Seed of Hope, produit par Antevita Films et en collaboration avec NAKOfx, un studio d’animation 3D et effets visuels dont vous faites partie en tant que superviseur VFX. Seed of Hope est un thriller/science-fiction d’environ 10 minutes en full 3D, qui met en scène le lieutenant Schweiger, un astronaute brutalement sorti de son sommeil cryogénique pour une habituelle tâche de maintenance qui prend vite une autre tournure… Quelle a été la genèse de ce film ?
J'ai depuis toujours eu l'envie de créer des mondes virtuels. Avec le support de NAKOfx, Antevita Film, le Film Fund ainsi que certains de mes amis artistes j'ai pu me lancer dans ce court-métrage qui, il faut l’avouer avait une certaine envergure. Le genre de la science-fiction m'a toujours fasciné et la 3D est le moyen parfait pour se projeter dans cet univers. L'écriture du scénario a pris pas mal de temps puisque qu'il n’était pas facile de combiner la durée d'un court-métrage, ainsi que les contraintes budgétaires, à une histoire digne de ce nom. Aussi, comme c’est un thriller, il a été délicat de jongler avec les détails de l'histoire pour ne pas trop divulguer trop tôt l’intrigue et garder une histoire tout de même compréhensible pour le grand public.
Par l’intermédiaire de nombreux détails que ce soit dans la conception du vaisseau, son fonctionnement technique, la vie sur celui-ci, ou encore la portée de sa mission, Seed of Hope montre une véritable expertise aérospatiale et astronautique. Quel a été votre processus de travail pour l’écriture d’un scénario aussi exigeant ?
J'ai commencé par faire beaucoup de recherches, notamment sur l'ISS – International Space Station –, et des recherches autour des objetcifs de la NASA – National Aeronautics and Space Administration – concernant le futur de cette branche. Les space shuttle – navettes spatiales –, ou mêmes de vieux sous-marins, ont été une grande source d’inspiration et m’ont permis une transposition dans un futur proche. J'aime décliner un univers fonctionnel avec pleins de petits détails réalistes. C'est aussi cela qui crée un monde dans lequel on peut raconter une histoire captivante. Sinon les grands classiques du cinéma de science-fiction m’ont forcément influencé et inspiré d’une manière ou d’une autre. Mon but était d’avoir des éléments assez réalistes, tout en donnant la priorité à un rendu cinématographique…
Esthétiquement, vous faites appel à une forme d’animation 3D très proche du réel. Une direction naturaliste accentuant le propos jusqu’à nous faire douter de « l’irréalité » des images. En même temps, en parallèle à ces graphismes hyper réels, vous êtes confronté à l’exercice du film court, et devez donc en quelques minutes faire éclater l’intrigue. Pourquoi avoir choisi cette ligne artistique pour la réalisation de votre film Seed of Hope et comment avez-vous réussi à vous démener pour faire fi des contraintes qu’impose le genre et le format ?
J'ai choisi cet hyper réalisme pour pouvoir permettre aux spectateurs de s’immerger au maximum dans le film. Le mélange de la 3D réaliste avec le fait de tourner avec un vrai comédien, m'a permis de créer un monde assez crédible pour capturer les émotions qui s’en dégage. Ceci dit, il est très difficile de vouloir faire du réalisme en 3D sans un budget hollywoodien derrière. C'est après beaucoup d'heures de travail et de bénévolat qu'on a su se débrouiller au mieux. La durée du film est directement liée au budget et l’histoire a dû être réduite à son minimum, malheureusement. Et puis, n'oublions surtout pas la bande originale, une musique qui nourrit tout le film ainsi que la sonorisation haut de gamme, c'est un ensemble.
Claude Kongs/Antevita Films/NAKOfx
Claude Kongs/Antevita Films/NAKOfx
« Nous sommes en l’an 2067, la terre a été poussée à ses limites par l’humain. Elle est sur le point d’être inhabitable. Une mission spatiale internationale a été lancée pour créer une nouvelle terre par terraformation. Un vaisseau spatial massif transportant les plus importantes variétés de graines et vies végétales, fait un voyage vers un futur incertain », des lignes concises qui introduisent et contextualisent Seed of Hope. À l’image de prédicateur d’antan comme Aldous Huxley ou George Orwell, vous dessinez dans votre court-métrage une réalité potentielle. Quel est l’enjeu d’un film qui prédit l’un des scénarios de l’avenir de l’humanité ?
Mon idée était d'alerter les gens au fait que nous sommes en train de détruire nos ressources naturelles. La surpopulation, la consommation sans limites, et l’égoïsme de l'humain nous amènent droit dans une impasse. Et même s'il y aurait une mission de survie, un peu dans l'idée d'Elon Musk de repeupler une autre planète pour assurer la survie de l’espèce, les problèmes resteront les mêmes puisque nous sommes les mêmes. Dans une vision noire des choses, nous sommes une sorte de virus qui rode de planète en planète pour assurer sa survie, sans apprendre à vivre en harmonie avec les ressources existantes, comme le font bien d’autres formes de vie. Plus précisément, dans l'histoire de Seed of Hope, il se pose aussi la question de la survie individuelle, face à celle de l'espèce entière. Au final, c'est surtout grâce à l'intelligence artificielle du vaisseau que les émotions et l’égoïsme du protagoniste sont mis de côté et que les décisions peuvent être prises rationnellement.
En 2021, lors de la 9e édition du Lëtzebuerger Filmpräis, vous recevez le Prix du meilleur court-métrage d’animation pour votre film Seed of Hope. Aussi, comment avez-vous reçu ce prestigieux prix et qu’a-t-il stimulé chez vous pour la suite de votre carrière ?
Avec les restrictions liées à problématique du covid, la remise des prix a été virtuelle pour moi… Depuis la remise de ce prix, j'ai par la suite changé de métier, il n'a donc pas influencé ma carrière, mais a été une belle reconnaissance pour cette étape de mon parcours professionnel.
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