Morfaz

09 juil. 2024
Morfaz

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Crépuscule est un EP 4 titres on ne peut plus surprenant. Un projet signé Morfaz, du nom artistique de Dorian Duhr. Plus qu’un nom artistique, en fait, un véritable alter-ego, un avatar presque, un personnage de fiction, polyforme, masqué, que le Luxembourgeois de 32 ans s’est créé pour quitter son enveloppe corporelle au moment de monter sur scène et de partager sa musique. Une musique électronique que l’artiste complète de narrations et de personnages tirés d’un vaste univers fictionnel qu’il s’est lui-même créé. Un univers geek que le musicien a intégré aussi bien à ses compositions qu’à son univers visuel. Interview.

Morfaz, vous venez de sortir votre premier EP. Pouvez-vous nous présenter cet personnage que vous avez créé, cet alter-ego ?

Morfaz : Morfaz c'est un projet de musique électronique inspiré  principalement par la techno, mais aussi un peu d’ambient et d’electronica. Il se complète par un aspect visuel qui s'inspire d'un univers fantastique un peu geek, avec des personnages, des aventures et tout ça. Pour revenir au point de départ, Morfaz est donc un projet qui fait de la musique pour danser, dans lequel j'ai essayé de mettre beaucoup d'aspects d’univers fantastiques.

Un mélange étonnant. Quel est votre parcours ?

J'ai commencé la musique quand j'étais assez jeune à la guitare. J'ai toujours eu envie de composer de la musique, mais j'avais un peu du mal à comprendre comment on pouvait faire. Puis, quand j’ai eu, plus ou moins 15 ans, j'ai découvert la musique assistée par ordinateur. Avec des copains, on a commencé à composer là-dessus. Je me suis amusé pendant pas mal d'années comme ça. Puis, quand j’ai eu mon premier travail et que j'ai commencé à avoir mon indépendance financière, j’ai décidé de mettre un peu plus d'énergie et de temps dans mon projet musical. Comme il y a beaucoup de musique électronique et beaucoup d'artistes de nos jours, je me suis dit : « il faut que j'arrive avec un projet de musique électronique qui soit remarquable, dans le sens où je puisse me distinguer ». Je cherchais à voir ce que je pouvais apporter de plus, à trouver ce quelque chose qui fait que le public puisse me reconnaître dans ce projet. Et c'est comme ça que j’ai décidé de réunir la musique et mon autre passion, la pop culture geek, autrement dit : les jeux vidéo, les mangas et les univers fantastiques à la Tolkien.

 

« J'aime beaucoup l'idée d'un album concept »

 

Univers geek qui se remarque clairement dans l’EP. Si on comprends bien, il y a la musique, mais aussi tout un univers autours, c'est ça ?

Ouais, c'est ça. Dans cet EP j’ai mis plein d’influences et d’idées. Par exemple, en grand fan de métal que je suis, j’adore les univers sombres et poétiques comme celui de Rammstein par exemple. On retrouve dans l’EP cette énergie et cette ambiance. Autre exemple : j‘aime beaucoup l'idée d'un album concept ; bon, certes, ça n'a pas la taille d'un album, mais c'est ce que j’ai essayé de faire. C’est pour ça que j’ai voulu avoir ce côté narratif dans les morceaux et que j'ai voulu créer une logique entre eux. L’EP raconte, en fait, une petite histoire qui dévoile, un peu, l'univers de Morfaz, avec des personnages, une histoire et tout. C’est ce que les geeks appellent le « lore », autrement dit, toute l'histoire qu'il y a derrière un jeu vidéo. Plus elle est profonde, complexe et intéressante, plus on va s’intéresser au jeu vidéo en soi ou, dans ce cas-ci, à la musique qu'on écoute. 

Pouvez-vous nous expliquer le fil rouge qui existe entre les quatre morceaux : Le Diable, La Potion, Le Tertre et Le Rituel ?

Pour l'instant, je crée un petit peu l'histoire en même temps que je compose, car il ne faut pas que ça prenne trop le pas sur la composition musicale. Alors, il y a deux personnages principaux, Göoros et Gülaajhan. Les deux premiers morceaux racontent un peu les méfaits de Gülaajhan. C'est un sorcier noir, un magicien qui s'est rebellé et qui est désormais à la tête d'une horde démoniaque dont le but est de corrompre toute vie dans le cosmos. Dans Le Diable, il arrive à corrompre un vagabon avide de richesse et de puissance, tandis que dans La Potion, ses serviteurs ont capturé une alchimiste, qui est la seule à connaître la recette d'une potion très puissante. Ils veulent lui soutirer son secret, d’où les petits bruits de préparation de potion qu’on entend dans le morceau. Ensuite, les deux autres morceaux, Le Tertre et Le Rituel s’intéressent au personnage de Göoros, cette mystérieuse créature au masque d'écorce. Dans Le Tertre on revient sur ses origines, tandis que dans Le Rituel, on se retrouve quelques millions d’années plus tard, à notre époque, avec de mystérieux acolytes qui essayent de l'invoquer pour qu’il remette, avec sa musique, un peu d’ordre sur Terre. On retrouve d’ailleurs des bribes de ces récits en vidéo dans mes stories Instagram. 

Gülaajhan © Caro-Line Photography

 

« Je voulais que l’ensemble veuille dire quelque chose, qu'il y ait un récit derrière tout ça »

Göoros © Caro-Line Photography

On voit que ce n’est pas juste des petites histoires pour combler un vide, mais, au contraire un vrai récit. Ça vient d’où tout ça ? C'est une invention personnelle ? Et dans ce cas, est-ce qu'il y a un livre ou une BD prévu ?

J’essaye juste de bien faire les choses. Le but, n'était pas juste de créer un masque ou un personnage. Je voulais que l’ensemble veuille dire quelque chose, qu'il y ait un récit derrière tout ça. Après, d’où ça vient… Forcément, je suis inspiré par plein d'histoires fantastiques et d'Heroic Fantasy que je lis régulièrement. Difficile à dire ce qui nous influence le plus. C'est un peu comme pour la musique. Impossible, pour moi, de dire ce qu'il y a de mes différentes idoles dans ce que je fais. Mais c'est clairement inspiré de tout ça. En revanche, je ne crois pas avoir le talent pour écrire un livre ou une BD. Ni le temps d’ailleurs ! J'essaie juste d'avoir une approche assez globale du truc, un peu comme le font Gorillaz ou Stupeflip.

Quoi qu’il en soit, quand on écoute Crépuscule la première fois, c'est très surprenant. On imagine tout de suite cela dans un Comic-Con, un festival de fantastique ou une autre manifestation geek. Mais en regardant vos derniers concerts : fête de la musique, Rocklab Sessions, KuFa… on comprend que c’est avant tout un projet musical fait pour danser. 

C’est ça. Finalement, je pense que j’essaie de faire quelque chose qui me ressemble, et peu importe si cela finit au LOA et aux comic-con ! En fait,  cette dualité arrive naturellement quand je compose. J’ai toujours besoin de visualiser ce que je crée musicalement, d’où l’aspect quelque peu cinématographique de l’EP ; et très souvent, ça touche à la magie et au fantastique. Mais bon, il y a aussi des sujets plus personnels comme des émotions ou mon regard sur le monde.

© Caro-Line Photography

Et désormais, c’est quoi la suite pour Morfaz?

Deux EP sont en route. Il y en a un qui sera plus sur la spiritualité et sur la nature, qui sera très attaché au personnage de Göoros, et un second qui est plus un EP de science-fiction qui va être rattaché à l'histoire de Gülaajhan.

L’EP de science-fiction devrait être fini d’ici la fin de l’été ou au plus tard d’ici la fin de l’année, pour une sortie tout début 2025. Puis l’autre EP devrait être fini, disons pour l’été prochain. Mais, contrairement à l’année dernière, où j’ai fait pas mal de scènes – ce qui m’a permis de tester le concept – je voudrais désormais me concentrer plus sur la composition pour enrichir mon catalogue disponible sur les plateformes. Mais bon, si j’y arrive, je ferais bien encore une ou deux dates cet automne. Puis, retour sur scène l’été prochain pour présenter les deux nouveaux EP.


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