26 oct. 2021Entretien avec The Disliked
« C’est une joie de pouvoir à nouveau monter sur scène et de jouer de la musique live »
Les Eschois de The Disliked remontent sur scène le 5 novembre à la Kulturfabrik, à l’occasion de la sortie de leur nouvelle galette Underwater Rescue. Un EP avec trois nouveaux titres, cachés en fait dans tout un album.
Voilà près de vingt ans que le groupe mélange jazz, ska, punk et reggae dans des chansons ultra-dynamiques et surprenantes à l’ambiance cinématographique et aux textes souvent légers au premier abord, mais bien plus profonds en réalité. Des morceaux qui font lever les jambes, mais appellent aussi à une certaine réflexion. Nous sommes allés à la rencontre de Raphael Dumont, le chanteur, et Cédric Metz, le guitariste.
The Disliked © Sam Flammang
Vous sortez votre nouvel EP, Underwater Rescue, qui arrive deux ans après votre dernier album, Reggae Rescue. Ça fait beaucoup de « rescue » tout ça. Que se passe-t-il ?
Raphael Dumont : En fait les deux albums sont liés. C’est pour mettre ce lien en évidence qu’on a choisi de garder ce même mot dans les deux albums. Toutes les chansons ont été enregistrées en même temps, au même studio ; mais comme on a sorti Reggae Rescue uniquement sur vinyle, on n’a pas eu assez de place pour mettre toutes les chansons qu’on avait envie de sortir. C’est pour ça qu’on a décidé de sortir maintenant Underwater Rescue avec ces chansons qu’on voulait absolument présenter à notre public.
Cédric Metz : Le concept de Reggae Rescue était – je rappelle que c’était avant le contexte Covid – de dire à tous ces gens pressés, stressés, dans ce monde à 100 à l’heure où les informations sont omniprésentes et où le temps passe si rapidement, de respirer, de profiter des bons moments et de se laisser un peu aller dans notre univers musical. On voulait sortir Underwater Rescue avant le Covid, mais on n’a pas eu le temps et ça n’avait pas sens de le faire pendant l’épidémie, puisqu’on ne pouvait pas faire de release. Maintenant avec le temps qui est passé, le Covid et les inondations qu’a connu le Luxembourg cet été, c’est clair que ça pourrait donner un tout autre sens à tout ça, avec, en plus de tout le reste, un aspect écologique qui nous plait bien. Mais pour être honnêtes, ce n’était pas vraiment prévu au départ.
Raphael Dumont : On veut que notre public s’essouffle en nous écoutant, qu’il se donne à fond, qu’il repense un peu à lui. On veut lui apporter un instant de bonheur pour lui rappeler, à travers la musique, qu’il existe.
Cédric Metz © Sam Flammang
Trois nouvelles chansons, 14 titres en tout
Underwater Rescue contient trois nouvelles chansons. C’est un peu court pour un EP…
Raphael Dumont : Underwater Rescue contient effectivement ces trois chansons qui sont nouvelles pour le public et qu’on voulait absolument encore sortir : Living and Loving, Salmon et Poseidon, mais aussi toutes les chansons de Reggae Rescue, désormais réunies sur un CD. Le CD, c’est une demande qu’on a entendu souvent de la part de pas mal de personnes suite à la sortie du vinyle, ; du coup ça a été l’occasion de remettre tous les 14 morceaux ensemble comme c’était prévu au départ lors de la session d’enregistrement. Finalement c’est un ensemble.
C’est un ensemble, et en même temps, ces trois chansons font aussi sens, avec ce côté très aquatique, un peu entre 20,000 Leagues Under the Sea de Richard Fleischer et The Life Aquatic with Steve Zissou de Wes Anderson.
Raphael Dumont : Oui, c’est lié aux paroles des chansons…
Cédric Metz : On savait dès le début, quand on a fait la sélection des chansons, que ces trois morceaux iraient ensemble. Au point de vue musical, ils sont encore plus crazy que nos autres morceaux, plus déstructurés. C’est quelque chose qu’on avait jamais fait avant ; en tout cas pas à ce niveau. Il y a toujours quelque chose qui se passe, ce sont des chansons très complexes, bizarres, dans lesquels on joue avec plein d’éléments… Living and Loving surtout est une chanson avec des progressions d’accords comme on n’a jamais fait, et puis, effectivement, il y a les paroles avec ce sujet de l’eau qui donnent cette ambiance aquatique qui a fini par donner le titre à l’EP. Une ambiance subaquatique qu’on retrouvera d’ailleurs lors de la release.
The Disliked © Sam Flammang
Heureux comme des poissons dans l’eau
Mais pourquoi cette thématique de l’eau ?
Cédric Metz : On a passé beaucoup de temps dans le sud de la France, du côté des Landes, en écrivant l’album. L’eau, la mer et cette ambiance particulière ont nourri une certaine créativité. C’est fascinant.
Raphael Dumont : En repensant à toute l’histoire du groupe, on peut d’ailleurs dire que The Disliked s’est toujours très bien senti près de l’eau. Ça a été le cas lors d’un festival près du Bodensee, ça a été le cas au e-Lake festival et puis ça a été le cas dans les Landes. Il y a plein d’éléments qui créent ce lien du groupe avec l’eau. Mais je dois dire que si les deux chansons parlent effectivement de l’eau, c’est de deux manières très différentes. Salmon donne la perspective d’un saumon métamorphosé en être humain. Un saumon-homme qui utiliserait toute son énergie pour remonter la rivière et frayer son chemin. Poseidon, par contre, est une chanson liée à l’ambiance de la mer, cet élément aquatique si puissant.
Cédric Metz : Ce sont deux chansons qui ne ressemblent à aucune autre de nos chansons ; des chansons qu’on peut écouter plein de fois en découvrant à chaque fois de nouvelles choses.
The Disliked existe depuis 2002, ce qui veut dire que dans quelques mois, le groupe va fêter ses 20 ans. Ça vous fait quoi quand vous regardez en arrière et voyez tout le chemin parcouru ?
Raphael Dumont : Ça nous fait sentir un peu vieux … (il rit). Sérieusement, on n’aurait jamais cru que ce groupe tiendrait 20 ans. Au début on était un groupe de punk explosif qui partait dans tous les sens… D’ailleurs la formation a changé d’innombrables fois pendant les dix premières années, mais depuis, ça s’est stabilisé, chacun sait pourquoi il est encore avec The Disliked. Je pense qu’on peut être fiers de ce groupe, surtout Cédric, Laurent (NDLR : Biver) et moi, d’en faire toujours partie et de pouvoir encore monter sur scène et faire le show.
Raphael Dumont © Sam Flammang
Après l’eau, la glace ?
Vous prévoyez quelque chose de spécial pour cet anniversaire ?
Cédric Metz : On a un projet… mais on ne sait pas si ce sera pour l’année prochaine ou peut-être pour les 25 ans du groupe. En tout cas, on en parle depuis longtemps, c’est The Disliked on ice !
En attendant, il y a cette release de Underwater Rescue, le vendredi 5 novembre à la Kulturfabrik. Ça va donc être spécial.
Cédric Metz : Oui, il y aura cette ambiance subaquatique, ça va être bien. On a tous très envie de jouer, de remonter sur scène, de retrouver le public et de remettre une ambiance reggae à la KuFa.
Raphael Dumont : On a hâte de retrouver le public, c’est vrai… Tout en sachant qu’on a plein d’incertitudes à ce sujet. Il y aura-t-il encore du public ? Est-ce que les gens ne nous ont pas oubliés ? N’ont-ils pas perdu l’habitude d’aller au concert ? En tout cas c’est une joie de pouvoir à nouveau monter sur scène et jouer de la musique live.
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