18 mai. 2021"La culture est un moyen efficace pour stimuler la cohésion sociale"
Portrait de L’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte à l’occasion de son 75e anniversaire
Initialement créée en 1944 pour venir en aide aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte soutient et finance aujourd’hui bon nombre de projets du secteur culturel au Luxembourg. Au lendemain de son 75e anniversaire, l’Œuvre fait avec nous le point sur son engagement culturel, sur ses initiatives actuelles et celles nées suite à la pandémie, mais aussi sur ses perspectives d’avenir dans le cadre de la création de Kultur|lx.
La culture occupe une grande place au sein des engagements de l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte. Comment ce secteur a-t-il pris tant d’importance au fil des ans ?
Danièle Wagener, vice-présidente : Aujourd’hui l’Œuvre assume un rôle éminent en matière d’organisation et de financement de projets au service de l’intérêt général au Luxembourg. Elle soutient dans ce sens des organisations dans cinq domaines : le social, le sport & la santé, la mémoire, l'environnement et la culture. Mais effectivement, au cours des dernières années, on a constaté qu’il y avait beaucoup de besoins dans un domaine culturel de plus en plus actif et de fait, au fil du temps, la culture a pris énormément de place au sein de nos engagements. Chaque année, nous avons plus ou moins 20 millions d’euros qui nous servent à financer différentes associations et actions dans les cinq domaines précédemment cités. Cette somme nous vient notamment des recettes de la Loterie Nationale, créée en 1945 pour financer, pérenniser et structurer les initiatives de l’Œuvre. Une grande partie est réservée à différentes associations que nous appelons « bénéficiaires récurrents », dont le FOCUNA (Fonds Culturel National Luxembourg) qui reçoit 600.000 € par an de la part de l’Œuvre.
Florence Ahlborn, coordinatrice des projets culturels et sociaux : En réalité, c’est le volet social qui est le plus important pour l’Œuvre. Mais la culture est un moyen efficace et important pour stimuler la cohésion sociale, le vivre ensemble, la compréhension et l'inclusion à travers la création. C’est donc pour cela que nous nous investissons autant dans le domaine culturel. Les projets sociaux culturels nous intéressent le plus et nous sommes par conséquent très sensibles à la transdisciplinarité des projets que nous choisissons de soutenir.
© Gioia Bertemes
Quelle est la valeur ajoutée de votre engagement par rapport à d’autres acteurs, par exemple privés ou étatiques ?
DW : L'Œuvre identifie et comble les besoins qui ne sont couverts, ni par les fonds publics, ni par l’initiative privée. Pour identifier ces besoins, nous organisons régulièrement des évènements, rencontres, tables rondes ou échanges avec des experts, des acteurs du terrain, mais aussi des institutions publiques et du monde politique. Notre rôle est de faciliter le dialogue, de lancer des appels à la société, de soutenir des projets sur le terrain ainsi que d’encourager les bénévoles du secteur philanthropique dans leur travail. Ce qui nous différencie, c’est aussi que l’on peut intervenir de façon ciblée et avec des moyens conséquents sur un projet particulier, tandis que la responsabilité d’un ministère par exemple est plus étendue et se veut plus largement diversifiée.
FA : La transdisciplinarité est aussi notre valeur ajoutée. Cela nous permet d’affiner notre politique de financement et d’initier de nouveaux appels à projets forts et porteurs de sens. Notre rôle de facilitateur, venu s’ajouter au fil du temps à celui de financeur, nous amène également à proposer des formations répondant aux besoins des acteurs du terrain. Et puis l’aspect éducatif est aussi important pour nous. Nous travaillons beaucoup avec les écoles et le milieu parascolaire, favorisons la culture et les activités artistiques au sein des cursus et encourageons les projets artistiques dans ce milieu, histoire de toucher les jeunes et le grand public.
Le secteur culturel a été mis en pause durant plusieurs mois, en raison de la pandémie et de ses contraintes sanitaires. Quelles ont été vos initiatives pour soutenir le milieu ?
DW : Pendant toute la période de crise, nous sommes restés attentifs à l’impact que cette pandémie a eu sur le travail de nos bénéficiaires et porteurs de projets. En tant que responsables de l’Œuvre nous avons tout fait pour être flexibles et réactifs : nous avons introduit des procédures de financement plus directes et plus rapides et avons accordé des délais supplémentaires pour les projets en cours.
FA : L’Œuvre a également lancé et soutenu divers projets dans le cadre de la pandémie. C’est le cas entre autres du spectacle Réson(d)ance, présenté mi-mai au Kinneksbond de Mamer ou encore du KUK, le Kulturkanal lancé durant la pandémie, dans le but de permettre aux artistes de présenter leurs œuvres sur une plateforme numérique. En septembre dernier, un concours ouvert aux artistes luxembourgeois actifs dans le domaine des arts visuels a également été lancé par nos soins. Le but était de proposer une réflexion sur la période historique de pandémie que nous vivons actuellement. L’enveloppe globale est dotée de 100.000 € et les œuvres des trois artistes retenus seront installées au siège de l’Œuvre à Leudelange.
Aménagement d'un espace collectif © Sana Murad
Et aujourd’hui, quels sont vos projets phares et initiatives en rapport avec le secteur culturel ?
DW : Il y a bien sûr notre fonds stART-up, qui fêtera l’an prochain ses 10 ans. Il a été créé en 2012 pour soutenir les acteurs de la culture et de la création de moins de 36 ans qui entendent réaliser un projet leur permettant de se professionnaliser et de se faire connaître à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, tout en présentant un intérêt manifeste pour le public. Ce soutien qui peut être sollicité une fois, s’élève à 25.000 € maximum. Et puis nous avons le projet Tiers lieux culturels, organisé en partenariat avec l’association Esch2022 – Capitale européenne de la Culture. Celui-ci est né suite à une table ronde qui réunissait des acteurs du terrain et souhaite contribuer au développement de projets culturels qui, tout en participant à une dynamique collective, visent à ancrer la culture dans le territoire et à favoriser l’expérimentation en faisant interagir des univers différents. Une aide de 400.000 €, dont la moitié est financée par nos soins, a ainsi été attribuée au « Bâtiment IV » et à FerroForum & « Kamelleschmelz » à Esch-Schifflange, ainsi qu’au « DKollektiv » à Dudelange.
FA : Récemment nous avons lancé l’appel à projets CLICHEs, destiné aux artistes mais également aux enseignants, lycées et autres maisons des jeunes. Il s’adresse à tous ceux qui souhaitent proposer un projet interdisciplinaire et interactif qui sensibilise aux problématiques sociétales contemporaines. Arts, photographie, sciences sociales, histoire, littérature, économie, cinéma, politique…, tout est permis. L’objectif est de sensibiliser les jeunes et un public plus large aux rapports entre identité et altérité au sein de notre communauté multiculturelle, en liant des activités artistiques à des questions sociétales. Trois projets d’artistes seront ainsi soutenus à hauteur de 25.000 € chacun, trois projets d’enseignants ou d’écoles à hauteur de 15.000 € chacun et trois projets de jeunes âgées entre 12 et 25 ans à hauteur de 5.000 €. Tous seront intégrés à la plateforme digitale cliche.lu. Tout au long de l’année, nous proposons aussi des formations aux acteurs du secteur en partenariat avec la House of Training et nous soutenons des artistes dans le cadre de projets annuels, comme celui de Lët’z Arles par exemple, qui permettra à la jeune artiste-photographique Lisa Kohl de se présenter dans le cadre du « stARTup studio » aux Rencontres d’Arles.
Avec la naissance de Kultur¦lx – Arts Council Luxembourg, qui entend soutenir et diffuser la création luxembourgeoise au niveau national et international, votre approche va-t-elle changer ?
DW : Je suis très contente que la structure Kultur|lx ait vu le jour, bien que je n’aie pas encore une idée très claire de ce qu’elle sera ni de quels moyens d’intervention elle bénéficiera. Jusqu’à présent, je n’ai pas encore eu de contact avec les coordinatrices, mais je suis de près tout ce qui s’écrit dans la presse et sur les sites en ligne officiels. Comme nous soutenons de façon conséquente le FOCUNA, l’idéal serait que nous soyons associés étroitement au travail de Kultur|lx, histoire que nous puissions collaborer et ainsi apporter notre soutien, que nous devenions complémentaires et non concurrents. Il faudrait également que chacun ait un rôle défini, tout cela dans l’intérêt de la scène culturelle.
Pour plus d’informations: https://www.oeuvre.lu/
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