LX finest : hip-hop

25 avr. 2022
LX finest : hip-hop

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Kultur | lx se met toute cette semaine au rythme du hip-hop grand-ducal avec son « LX finest : hip-hop ». Un projet qui regroupe une web-série de 4 mini-docus sur des rappeurs et des producteurs nationaux et un grand concert gratuit, vendredi soir à l’Atelier, avec Corbi, Tommek & Turnup Tun, Maz, Nicool, Culture The Kid, DJ PC et DJ Bisi.

« Il était temps ! » lance sans détour David Galassi, membre fondateur du groupe phare du hip-hop grand-ducal, De Läb, au sujet de la tenue de ce premier « LX finest : hip-hop ». « La scène hip hop a été marginalisée pendant longtemps au Luxembourg, alors que c’est une culture omniprésente parmi les jeunes » ajoute celui qui est passé depuis des années également du côté de la production, du booking et de l’accompagnement de carrière pour rappeurs émergents. C’est pour cette expérience et cette expertise que Kultur | lx, le Arts Council Luxembourg, l’a contacté pour travailler sur ce premier « LX finest » dédié donc au hip-hop.

Kultur | lx organise déjà tous les deux ans les Luxembourg Classical Meetings à la Philharmonie et le Shuffle à neimënster – deux initiatives créés par Music:LX et depuis reprises par l’Art Council – mais au niveau des « LX finest », celui dédié cette semaine au hip-hop, c’est une première. « Ce type d’action, sur la scène nationale, fait partie de notre mission d’accompagnement et de diffusion de la culture et la création luxembourgeoise » explique Émilie Gouleme, responsable communication de Kultur | lx. Quand on lui demande pourquoi commencer par le hip-hop, « il s’agissait de répondre à une demande du secteur. La scène hip-hop est très active, très suivie par un certain public et ne se sent pas assez mise en valeur » répond-elle sans ambiguïté.

Les différents artistes interviewés vont dans le même sens. « Le hip hop au Lux ne reçoit pas encore l’attention qu’il mérite. Cet événement c’est un grand pas en avant » note Culture The Kid. « En 15 ans de présence dans la scène, je n’ai jamais vu un truc comme ça. C’est très positif » souligne Corbi.  « Je suis très heureux qu’ils aient enfin voulu faire ce pas pour soutenir notre scène hip-hop » reprend David Galassi qui reconnaît également que c’est, « le bon moment pour le faire ».

Kultur | lx

© Kultur | lx

Déjà 30 ans de présence au Luxembourg

Né au début des années 70 à New York, le hip-hop est arrivé au Grand-Duché au début des années 90. Des débuts qu’Alain Tshinza a présenté en 2010 dans son documentaire Hamilius, faits de breakdance, de graffs, de musique, d’activisme… Une scène réduite, amateur, de niche, avec des groupes qui se font et se défont au rythme des projets. Des pionniers passionnés, sans prétentions professionnelles. Une première vague disparue depuis, à l’instar de ce souterrain de la rue Aldringen qui lui servait de repère, qui a laissé place à de nouvelles générations.

Sur cette évolution de la scène, les deux compères de De Läb semblent se répondre du tac-au-tac : « La scène hip-hop luxembourgeoise, en est à sa 2e, voire 3e génération », note Corbi – qui à 37 ans se sent désormais « un peu comme un grand-père pour tous ces jeunes qui font vivre la scène désormais » –, « Il y a 10 ans, il n’y avait pas une scène hip-hop locale comme aujourd’hui » note David Galassi.

« Le niveau a énormément augmenté » reprend Corbi, « Il y a plus d’acteurs et comme il y a plus de monde, il y a plus de concurrence, ce qui est une bonne motivation pour continuer à travailler et à s’améliorer » confirme David. Et puis, insiste Corbi, « Désormais il y a besoin de moins de matériel pour démarrer : un laptop, un micro et tu peux te lancer. Quand j’ai commencé, il fallait acheter tout plein de hardware pour faire de la musique », sans oublier que, désormais, grâce à internet, « Quand on s’intéresse au hip-hop on ne se contente plus d’un concert local et d’un magazine spécialisé, mais on peut consommer du hip hop de manière beaucoup plus intensive qu’il y a 15 ans et sans frontière » accentue David Galassi. Le tout réuni fait que le niveau de la scène nationale a énormément progressé ces dernières années.

Kultur | lx

© Kultur | lx

Les différents « crews » sur une même scène

La scène a donc progressé et grandi au point que, selon Culture the Kid, « on ne peut plus parler du rap luxembourgeois comme d’un « genre » tellement il s’est diversifié ». Du coup, plusieurs « crews » ont vu le jour. Des « gangs » pas nécessairement rivaux mais qui se côtoient désormais plus qu’ils ne se mélangent. Ce « LX finest : hip-hop » est justement l’occasion de les réunir.

Ainsi Corbi, Tommek & Turnup Tun, Maz, Nicool et Culture The Kid vont se succéder, vendredi soir, sur la scène de l’Atelier pour une série de showcases d’une trentaine de minutes chacun, le tout précédé et succédé par les DJ sets de DJ PC et DJ Bisi. Des artistes choisis pour regrouper toutes les différences tendances et générations de la scène grand-ducale donc, mais aussi pour leurs actualités, et leur présenter la qualité de leur travail au public, à la presse, mais aussi à des professionnels étrangers que Kultur | lx a expressément invité à Luxembourg pour l’occasion ; histoire de bâtir des ponts et, pourquoi pas, ouvrir de nouvelles voies pour ces artistes.

Des professionnels étrangers et une web-série pour bâtir des ponts au-delà des frontières

De nouvelles voies qui pourraient également passer par l’internet et les réseaux sociaux. C’est en ce sens que les organisateurs de ce « LX finest : hip-hop » ont imaginé, en plus du concert, une web-série de quatre courts documentaires, produite avec l’équipe d’Unison Studios et SKIN, qui offre de brefs aperçus du processus créatif de la scène hip-hop. Ainsi chaque vidéo suit un – ou une – artiste et un producteur qui travaillent main dans la main à la création des prochains « sons ». Il y est question, en 3 ou 4 minutes selon la vidéo, de création artistique mais aussi de collaboration, de leur vision de la scène grand-ducale et de la place que chacun y occupe, ou du moins pense occuper.

Les quatre épisodes, qui seront publiés au rythme d’un par jour entre lundi et jeudi avant le concert sur les réseaux sociaux de Kultur | lx, réunissent Turnup Tun et Tommek, Nicool et De Läb, Culture The Kid et 2ni ainsi que Maz et Magestick. Tournés en luxembourgeois, pour demeurer au plus près des artistes et de leur fan-bases, les épisodes sont tous sous-titrés en anglais pour pouvoir toucher et être compris par des bookers, des producteurs ou encore des labels étrangers.

Kultur | lx

© Kultur | lx

D’autant plus que si plusieurs rappeurs du cru s’expriment, dans leurs textes, dans la langue de Dicks, d’autres, comme Maz ou Culture The Kid ont opté pour l’anglais. « J’ai choisi de faire mes premiers sons en anglais car c’est une langue plus accessible, facile à apprendre et comprendre » note ce dernier, dont General Culture, la première galette – ni un album, ni un EP, mais une simple « mixtape » insiste-t-il car, « je sacralise un peu l’idée d’album ou d’EP ; pour moi il faut un fil conducteur, alors que là, c’est surtout des singles écrits pendant la quarantaine, mais sans vraiment de lien entre eux » – est sortie en février de l’an dernier.

Au sujet des langues, le Luxembourgeois d’origine brésilienne ajoute : « Je vais me diversifier, j’ai déjà écrit un son en français, un son en luxembourgeois et un son en portugais, mais je ne les ai pas encore sortis. Je tiens vraiment profiter de toutes les langues que je parle pour toucher le plus de monde possible ». Un rap 100 % luxembourgeois donc qu’il va présenter ce vendredi à l’Atelier, le temps d’un show-case où il compte bien faire découvrir aux spectateurs « quelques nouveaux sons » et « montrer toute la variété de ce que je fais », dans le but de « leur faire passer une bonne soirée ».

Cette première soirée « LX finest : hip-hop » n’a pas la prétention de présenter « toute la scène hip-hop grand-ducale » souligne David Galassi, mais « il faut bien commencer quelque part !». Et puis, glisse-t-il, probablement à l’intention des institutions : « J’espère que ça va se refaire, que ce « LX finest : hip-hop » est une première et non une dernière et qu’on aura donc l’occasion de mettre les spotlight sur d’autres artistes à d’autres occasions ».

Den Atelier, vendredi 29 avril. Ouvertures des portes 19h. Entrée gratuite.

https://www.kulturlx.lu/lx-finestkultur-lx-lance-de-nouvelles-initiatives-pour-le-secteur-du-hip-hop/

https://www.atelier.lu/shows/lx-finest-hip-hop/

ARTICLES