This Is Her War : le nouvel album de Go By Brooks

16 mai. 2022
This Is Her War : le nouvel album de Go By Brooks

Article en Français
Auteur: Pablo Chimienti

Go By Brooks est de retour dans les bacs avec un nouveau batteur, Steve Krippler, et un nouvel album, This Is Her War. Onze morceaux écrits avant la pandémie alternant entre chansons rock et belles ballades avec, toujours, une ambiance sombre qui contrebalance la voix cristalline de la band-leader, Laetitia Koener.

C’est en 2015 que le public grand-ducal a découvert Go By Brooks. Rivers, le premier EP du groupe a précédé un deuxième EP, Oceans, sorti en 2016. Le premier album, Another Flame, ne se fera pas attendre longtemps et arrivera fin 2018. Suivront quelques singles  avant que la pandémie Covid coupe, temporairement, les ailes à la libellule qui accompagne le groupe depuis ses débuts.

Habitués à jouer entre 25 et 35 concerts par an, voilà Laetitia Koener et ses « garçons », comme elle aime les appeler, ont été privés de scène, à l’instar des autres artistes un peu partout dans le monde, par le Covid. Une période que les membres de Go By Brooks mettront à profit pour préparer la suite. Dès la réouverture des salles de concert, la band a sorti un album live : Go By Brooks Live at Aalt Stadhaus, enregistré lors de la soirée « The Stage is Hers ! » qui réunissait à Differdange trois groupes menés par des femmes, et voilà que sort This Is Her War, deuxième album studio du groupe désormais composé par Laetitia Koener (chant et guitare), Nicolas Palumbo (guitare), Sacha Heck (basse), Jérôme Moes (claviers et chœurs) et Steve Krippler (batterie).

This is Her War

Go By Brooks, This Is Her War

Un album qui s’inscrit dans l’évolution de Go By Brooks, parti du folk acoustique pour s’électrifier au fur et à mesure et devenir de plus en plus rock dans sa musique, tout en gardant, au niveau des textes, une certaine profondeur de singer-songwriter et une tonfalité générale assez sombre. « Je suis une personne assez optimiste et souvent de bonne humeur, assure Laetitia Koener, mais c’est justement parce que je mets toutes mes souffrances, mes inquiétudes, mes tourments dans mes chansons. C’est pour ça qu’il y a toujours ce côté sombre dans les textes, car, en quelque sorte, ça m’aide à garder espoir dans la vie ».

La jeune femme assume ce côté obscur dans son art, au point que, précise-t-elle : « On avait écrit deux ou trois chansons plus dansantes, mais à chaque fois je ne me sentais pas à l’aise au moment de les chanter, comme si je jouais un rôle et que je n’étais pas sincère. Du coup on les a laissées de côté ».

« Aujourd’hui on consomme de la musique comme on consomme un burger dans un fast-food »

Ainsi, si All We Are, peut sembler joyeuse à l’oreille inattentive, le texte, lui, garde une part d’ombre et critique contre ces fausses vies parfaites que certains aiment à publier sur les réseaux sociaux. Internet et ses utilisations se retrouve aussi dans le sujet de Kill Hope, où l’auteure-interprète met noir sur blanc ses inquiétudes en ce qui concerne le futur de la culture en général et de la musique en particulier. « C’est une chanson qui parle de cette menace qui plane, à mon sens, sur la culture et la musique à travers toutes ces plateformes de streaming ». Elle s’explique : « J’ai l’impression que les gens ne prennent plus le temps de vraiment savourer la musique, de s’asseoir sur un canapé et écouter vraiment une chanson. Et c’est lié à une certaine idée de consommation. Aujourd’hui on consomme de la musique comme on consomme un burger dans un fast-food ». Puis ajoute : « Ce qui est marrant c’est que j’ai écrit cette chanson juste avant la pandémie alors que pendant la pandémie elle est devenue encore plus d’actualité puisqu’il n’y avait plus de concert, les cinémas étaient fermés, etc. »

Quant à la chanson qui donnera son titre à l’album, This Is Her, tout en étant un texte sur « le combat qu’on mène tous pour arriver à bien vivre notre vie en surmontant tous les obstacles », elle semble surtout être la première salve d’une prise de conscience féministe de la part de la chanteuse. « Il y a une petite montée de féminisme en moi ne serait-ce que par le fait que je suis devenue maman », reconnait Laetitia Koener. « Ça m’a énormément changée, j’ai d’autres points de vue sur certains sujets… Principalement sur le regard qu’on porte sur les femmes dans la société. J’ai remarqué, quand j’étais enceinte, que dans le regard des autres, soudainement j’étais devenue une maman et apparemment je n’avais plus le droit de faire grand-chose d’autre. Beaucoup de monde a commencé à me dire “Ah, tu vas arrêter la musique alors ?“ alors que personne n’a dit ça à mon partenaire qui n’est autre que le guitariste du groupe ! En gros, comme c’est un homme, il peut continuer à faire de la musique en tant que père, mais moi, je devrais maintenant me concentrer uniquement sur mon enfant sans avoir le droit d’avoir d’autres rôles dans ma vie? Donc oui, il y a dans This Is Her War cette idée de la femme qui rencontre des obstacles que les hommes ne rencontrent pas forcément. Après, si elle a donné le titre à l’album, c’est surtout parce que c’est la chanson que je préfère ». 

« On veut vraiment que les gens savourent le moment »

Si les textes sont primordiaux pour Go By Brooks, la musique est loin d’être un simple ornement. Et l’entrée en matière, instrumentale, de cette nouvelle galette avec le morceau L’Éclaireur, le prouve avec succès. « On veut vraiment que les gens savourent le moment », reprend la front-woman de la bande. « Pour bien les mettre dans l’ambiance, on aime ouvrir avec une chanson instrumentale, on l’a d’ailleurs déjà fait sur Oceans. On aime faire respirer la musique. Notre guitariste, très influencé par Pink Floyd nous dit toujours : « Faut que ça respire ; une chanson ce n’est pas nécessairement une strophe, un refrain, une strophe et trois refrains. On peut aussi laisser les musiciens s’exprimer ». C’est ce qu’on a fait tout au long de l’album et tout particulièrement avec cette intro. Ça montre l’ambiance de l’album et ça dit aux auditeurs : « maintenant on respire, on écoute la musique et on ne pense à rien d’autre ». »

Jil Zago

© Jil Zago

Enregistré pendant la pandémie, principalement en home-studio, l’album a été finalisé et mixé par Tom Gatti, surtout en ce qui concerne le chant et la batterie, « qui sont des choses un peu plus délicates à enregistrer ». Un coté DIY indétectable à l’oreille, c’est dire si le travail à la maison a été bien fait. « C’est la première fois où on a eu le temps de faire une préproduction, avec des demos et tout. Avant ça, les chansons c’étaient : composée, répétée et tout de suite enregistrée. Cette fois-ci on a pris le temps et tout est bien plus travaillé ».

This Is Her War est disponible depuis le 6 mai sur toutes les plates-formes musicales numériques , mais l’album sera également disponible en tant qu’objet. Le groupe y tenait. « On avait vraiment envie de sortir un album, physique, et non juste des singles en version numérique. Sinon on entre aussi dans ce principe de consommation qu’on critique par ailleurs. Dans un album il y a un concept, des liens entre les textes. La crainte de la mort de la culture, l’amour, la difficulté de vivre avec l’autre personne ou encore le besoin de combattre ses propres démons, sont des idées qui reviennent dans plusieurs chansons » résume la chanteuse. La version CD sera disponible dès le 20 mai, date de la release party de This Is Her War prévue au centre culturel Opderschmelz de Dudelange. Pour la version vinyle, faute de matières premières, il faudra patienter encore quelques mois.

Des mois pendant lesquels Gy By Brooks prévoit quelques autres dates de concert, mais aussi de sortir en singles quelques chansons écrites, cette fois-ci, pendant la pandémie. Histoire de se pencher, dès cet été à l’enregistrement du prochain dans lequel l’auteure-interprète compte poursuivre sa prise de conscience féministe.

En attendant, place au live. « On a hâte de remonter sur scène » lance Laetitia Koener qui avoue préférer, de loin, la scène au studio. Lors de la release, les Go By Brooks seront précédés sur scène par Fernanda Stange, « qui fera un petit set acoustique », puis présenteront ce This Is Her War en version live, ainsi que certaines chansons du précédent album et des morceaux de leur EP Oceans. Histoire de proposer à leurs fans une bonne soirée de rock pleine d’énergie !

https://gobybrooks.com

https://opderschmelz.lu/agenda/1762_1603

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